La crise des Gilets jaunes a été le levier de la création de l’association Solidarités Médoc. Issue de la volonté de ceux qui se rassemblaient alors sur les ronds-points médocains, de leur besoin de faire quelque chose de « positif » et d’organiser la solidarité au-delà des événements, de la pérenniser, elle répond à un réel besoin.
Olivier Soria qui a tenu les ronds-points, s’est ainsi retrouvé à la tête de Solidarités Médoc. Juriste à la retraite et docteur en droit de l’environnement, il est devenu président de l’association en 2019. Personnage engagé, il est désormais sur tous les fronts de l’entraide et de la solidarité.
Le principe est généreux : il s’agit de produire des denrées alimentaires sans intrants chimiques, de manière la plus autonome possible grâce à l’énergie solaire par exemple et d’en assurer la distribution auprès des personnes qui perçoivent le RSA ou encore l’Allocation de soutien familial (ASF), ou parfois à des auto-entrepreneurs et des artistes.
L’association compte près de 90 adhérents qui récoltent le fruit de leur labeur bénévole pour vivre. Ce sont eux qui cultivent et distribuent, et 80% d’entre eux sont en situation très précaires.
Cultiver son terrain
« Les gens travaillent, il n’y a pas d’assistanat à Solidarités Médoc. Nous avons commencé par cultiver un terrain au Verdon et nous en avons 5 aujourd’hui : 4 sont exploités sous forme de prêt à usage, appelé commodat, formule souple qui permet à un propriétaire de mettre un bien foncier à disposition d'un exploitant, et un dont l’association est propriétaire, » explique Olivier.
L’asso n’a pas de salarié pour le moment, cela fait partie des projets car sa retraite est bien occupée !
À chaque terrain son comité d’action local de 5 à 10 adhérents, c’est selon. La production est collective et la répartition se fait selon les besoins de chacun.
L’association organise 4 assemblées générales par an, des réunions de bureau ont lieu tous les mois, et la parité est appliquée en son sein :
« Je suis le seul homme pour 5 femmes ! » s’esclaffe Olivier.
Ainsi, du Verdon à Lacanau, en passant par Queyrac et Saint-Seurin-de-Cadourne, les terres donnent des fruits et des légumes, les poules pondent et le rythme de croisière pourrait être atteint d’ici 2 ou 3 ans. Ce qui n’empêche pas les projets de naître : aquaponie et potager sous serre seront opérationnels d’ici la fin de l’année !
Récupérer les invendus
En deux petites années et malgré la grêle et le gel, l’association s’est développée et structurée. Tondeuses et pick up ont été achetés, les activités se sont diversifiées. Si la production de l’asso est trop importante, les surplus sont donnés au Secours Populaire de Pauillac ou aux Restos du Cœur de Montalivet, partenaires de Solidarités Médoc.
L’activité de ramassage des invendus s’effectue surtout sur la façade atlantique :
« Les partenariats avec Carrefour Market et So bio de Lacanau permettent de faire trois ramasses d’invendus par semaine. Grâce à ces dons, 30 personnes se nourrissent régulièrement via un espace de distribution créé par un particulier, chez lui à Lacanau, où la discrétion est de mise. »
« Ce fut très lourd à monter administrativement mais le géant de l’alimentation déduit fiscalement. Tout le monde s’y retrouve. Des châteaux ont donné des terres non utilisées, des communes prêtent parfois des locaux pour la distribution et le Département soutient l’association à hauteur de 20 000 euros, » ajoute Olivier, qui conclut :
« Même si les adhérents sont toujours un peu méfiants vis à vis de l’administration, ils peuvent se nourrir chaque jour avec l’association et il existe un important volet insertion, d’accompagnement. »
Contact
Olivier Soria, président
33680 Lacanau
olivier.soria@hotmail.fr