La gemme est née, en juillet 2022, de la fusion entre la miel et l’ostrea, deux anciennes monnaies locales girondines. Son nom est inspiré de la résine de pin, aussi connue sous le nom de gemme. En coopération proche avec ses homologues dans la France entière et notamment l’Eusko basque, cette monnaie entend prendre une nouvelle dimension dès 2023.
Les projets de la miel et de l’ostrea peinaient à s’imposer individuellement et se sont alors réunis afin d’élaborer une stratégie de changement d’échelle. La gemme, ainsi née, est devenue un denier numérique et donne la possibilité de régler ses dépenses avec son smartphone. Les coupons-billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 33 gemmes continuent de circuler.
Pratiquer le gemmage
Pour l’utiliser, il faut adhérer à l’association, entre 5 et 50 euros annuels au choix. Puis, l’adhérent change ses euros en coupons billets ou en e-gemmes sur l’application en ligne (1 gemme = 1 euro). Il peut ensuite les dépenser chez les commerçants partenaires, des associations ou autres professionnels ou auprès de ses amis adhérents. En Gironde, quelques 350 structures et plus de 1000 particuliers ont utilisé une monnaie locale (miel, ostrea ou gemme) depuis leurs lancements. Un des co-présidents, Yannick Lung témoigne :
« On est encore une petite monnaie par rapport aux voisins, mais 2023 devrait être la bonne année. »
Sur le fonctionnement des chèques-déjeuners ou des tickets-restaurants, les coupons-billets ne permettent pas un rendu de monnaie et nécessitent donc de faire l’appoint avec des centimes d’euros. Pour cette raison, le passage à la monnaie numérique était indispensable. Grâce à l’application il est possible de faire des virements en ligne d’un compte client vers un compte commerçant ou même vers un compte ami.
À quoi ça sert ?
« L’enjeu véritable ce n’est pas juste de faire tourner une association. Il y a bel et bien des changements de comportements qui sont impliqués », annonce Yannick Lung, co-président de la gemme.
En effet, le développement du projet suit trois grands objectifs. Le premier est de renforcer l’essor de l’économie locale. On ne dépense cette devise que sur le territoire girondin. Cet aspect pousse les adhérents à consommer local. Là est le lien avec le deuxième enjeu : participer à la transition écologique. Les prestataires s’engagent à adopter des pratiques plus écologiques, éthiques et solidaires. Une étude nationale a en effet montré un vrai changement de conduites chez les utilisateurs de la monnaie locale. De plus, pour chaque gemme en circulation, un euro est investi dans la transition écologique, via le Fonds de garantie. Enfin, le troisième pilier est le renforcement du pouvoir d’agir des citoyens.
« On veut faire en sorte que les citoyens se réapproprient la monnaie », explique Yannick Lung.
Cette sensibilisation passe par l’organisation de ciné-débats et de soirées autour de ce thème ou encore d’ateliers de la Fresque de la Monnaie.
Gemme innover !
Grâce au soutien de ses partenaires, le Département de la Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine, et les mairies de Bordeaux, Bègles et La Réole, la gemme entend construire de nouveaux projets. Dès juin 2023, certains élus de la Mairie de Bordeaux devraient percevoir une partie de leur indemnité en gemmes. Puis, des services municipaux devraient également devenir payables en monnaie locale.