Jean-Luc Gleyze
Président du Département de la Gironde
Conseiller départemental du canton Sud-Gironde
« En Gironde, 1 allocataire du RSA sur 4 est un "travailleur pauvre", c’est à dire disposant déjà d’une activité professionnelle. »
Le Président de la République et candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Macron a récemment proposé de réformer le revenu de solidarité active (RSA) en le conditionnant à « l’obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine pour une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle ». Cette proposition témoigne une fois encore de la méconnaissance des fondements du RSA et de sa réalité.
C’est oublier les origines du RSA, qui n’est pas seulement un « revenu » mais bien un droit pensé et conçu pour protéger les personnes privées d’emploi d’une perte totale de ressources. C’est aussi oublier que le RSA est déjà conditionné à différents engagements entre l'allocataire et les pouvoirs publics.
Jean Luc Gleyze ajoute : « C’est méconnaître et mépriser des allocataires dont on suggère la mauvaise volonté. En Gironde par exemple, 1 allocataire du RSA sur 4 est un "travailleur pauvre", c’est à dire disposant déjà d’une activité professionnelle. » L’enjeu du Département de la Gironde est justement de les accompagner à la pérennisation de cette activité ou de leur faciliter l’accès à une activité pleinement émancipatrice.
Par ailleurs, il convient de rappeler qu’une partie des allocataires du RSA sont des familles monoparentales, des jeunes en parcours d’insertion professionnelle, des jeunes diplômés ne trouvant pas d'emploi ou des personnes en formation. Il convient également d'ajouter que de nombreux allocataires du RSA sont confrontés à des difficultés de mobilités, de garde d'enfants, de formation ou encore jugés trop âgés. En bref, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un emploi.
Toujours selon le Président du Département de la Gironde, « les motivations et les objectifs de cette proposition constituent un changement de paradigme profond de notre contrat social. Elle démontre la préférence du chef de l’Etat pour des emplois précaires voire des mini-jobs plutôt que pour des parcours de formation d'insertion pérenne. Une prise de position qui a le mérite de prolonger le projet enterré de revenu universel d’activité (RUA) et la réforme de l’assurance-chômage décriée par les organisations sociales et syndicales. »
Jean-Luc Gleyze s’oppose ainsi à cette proposition qui ne s’attache pas à ce qui devrait pourtant être la priorité : la lutte contre le non accès aux droits et l'accompagnement solide des allocataires du RSA. Pour y parvenir, l’Etat doit renforcer les moyens humains et financiers dédiés à cet accompagnement et conforter le rôle de chef-de-file des Départements en la matière comme l’a souligné le Rapport de la Cour des Comptes le 13 janvier dernier. Il rappelle également que l’argument concernant la fraude sociale est hypocrite : elle concerne moins d’1% des dossiers présentés en 2019.
Au-delà de la critique et s’agissant de la lutte contre la pauvreté, Jean-Luc Gleyze souhaite rappeler la proposition d’expérimentation d’un « revenu de base », portée avec lui par 18 président.e.s de Département. Contrairement aux propos tenus par Christophe Castaner, président du groupe parlementaire LREM, Jean-Luc Gleyze estime que « La lâcheté, c’est conditionner l’allocation à une activité ponctuelle et artificielle, au lieu de privilégier l'accompagnement et l'insertion ». « A rebours de cette voie assumée "des devoirs avant les droits", attaquons-nous aux vraies causes du chômage qui sont moins liées à une prétendue oisiveté qu’à des salaires trop bas, des parcours de vie difficiles, un éloignement géographique ou un manque de formation. »
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