Prendre soin des personnes en situation de précarité

Dans le cadre de la stratégie départementale de la santé et du prendre soin qui court jusqu'en 2028, le Département de la Gironde a organisé une journée autour de la santé et de la précarité, l’occasion pour les professionnels du Département et ses partenaires d’échanger sur les actions de prévention et de promotion de la santé en faveur des plus vulnérables et les enjeux liés à la précarité en matière d’accès au soin.

Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde et Emmanuel Langlois, maître de conférence en sociologie à l’Université de Bordeaux et chercheur au Centre Émile Durkheim, ont rappelé les enjeux de cette journée alors que l’actualité est tournée vers la Loi Immigration et la suppression de l’AME (Aide Médicale de l’État). Pour Jean-Luc Gleyze,

« l’accès au soin est un droit universel, le respect de la dignité humaine. Prendre soin des plus vulnérables, des autres tout simplement, est un défi commun. La santé est notre bien commun. »

Inégalités sociales de santé : les défis

Emmanuel Langlois explique :

« Santé et précarité sont deux questions de justice sociale. Nous constatons une urbanisation de la pauvreté, sa mono-parentalisation, sa féminisation, son rajeunissement, notamment chez les jeunes des catégories populaires, abandonnés à leur sort malgré des besoins en santé très importants, et les travailleurs pauvres (Uber, intérimaires…) dont la santé est très exposée.

Globalement notre système est plutôt efficace : les interventions publiques règlent ou améliorent certaines situations, sauf pour 15% d’entre elles. Les défis se situent dans plusieurs domaines :

  • dans la répartition de l’intensité de l’intervention ;
  • dans la solidarité, car pour que les politiques publiques fonctionnent, il faut une société dynamique, forte, chaleureuse ;
  • dans la protection et les conditions de travail des aidants, des donneurs de care ;
  • dans les temporalités, la durée de la prise en charge, l’urgence des résultats.

Le défi est aussi organisationnel : travail en coopération des partenaires associatifs et des pouvoirs publics pour obtenir un diagnostic global et partagé. Enfin, la santé doit être un enjeu politique partagé. Le glissement s’effectue vers une hyper responsabilisation individuelle avec des logiques d’assurances privées et de marché. La santé serait-elle un luxe ? »

Aux différents âges de la vie

La promotion et la prévention de la santé relèvent du travail en réseau, en confiance et d’un engagement relationnel avec la famille. À tous les âges de la vie, les équipes pluridisciplinaires de professionnels du Département prennent en compte les histoires des personnes dont elles se préoccupent.
Celles des mères et des enfants par exemple en permanence de PMI, dans leur contexte socioculturel.

L’obésité est deux fois plus répandue au sein des catégories les plus modestes que dans les catégories les plus aisées. Là aussi, les vulnérabilités sont multidimensionnelles : socio-économiques, sanitaires, socio-éducatives, psychologiques etc. Comme chez les personnes âgées où isolement, méconnaissance des droits, problèmes budgétaires ou de schémas familiaux sont souvent révélés par les évaluations effectuées par les CLIC du Département.

Malgré de nombreux dispositifs girondins pour prendre en compte la santé des jeunes, le constat est mitigé. De la prévention, on glisse aujourd’hui vers une logique de soin, et les structures sont insuffisantes et parfois défaillantes. L’équipe mobile du Centre hospitalier Charles Perrens va vers eux.

Le sport améliore la santé par le pouvoir d’agir, c’est un outil pour lutter contre les freins physiques, sociaux, le mal-être et la faible estime de soi-même. Exemple d’une action d’insertion par le sport.

La précarité énergétique touche un ménage sur dix en France. Le logement non adapté, le mal-logement ou l’absence de logement ont un impact majeur sur la santé et restent un frein pour l’accès aux soins et sa continuité. Le Département a mis en place le SLIME.

Rediffusion des échanges de la journée