E. Du Blayais au Libournais

Suivant la rive droite de la Dordogne, puis de l’estuaire, une large bande, constituée de reliefs successifs plus ou moins marqués, se démarque par sa vocation résolument viticole. Saint-Emilion, Pomerol, Fronsac, Côtes de Bourg et Côtes de Blaye se succèdent, surplombant les cours d’eau de leurs coteaux peignés par les rangs réguliers de vigne, de leurs imposantes silhouettes bâties, et de leurs hautes falaises de calcaire. Au sein de ces paysages viticoles, la répartition des forêts ou du bâti est liée directement à la valeur de la vigne : extrêmement précieuse, elle est omniprésente à Saint-Emilion ; tandis que le Cubzadais la voit d’avantage mêlée aux boisements.

Au-delà des influences forestières extérieures, la vigne revient vite au premier rang, dessinant des paysages souvent très soignés : à l’est, les collines de Saint-Emilion en sont couvertes de façon quasi-uniforme, ainsi que la plaine du Pomerol ; elle domine aussi dans le Fronsadais et ses collines, de même que dans le Blayais. Moins marqué par le relief, le Cubzadais est occupé de façon plus mixte par des cultures mêlées aux vignes. Enfin, la vallée de l’Isle est, quant à elle, plutôt dévolue aux prairies et au bâti. Du Blayais au Libournais, se sont ainsi six unités qui se succèdent :

E1. Paysages de Saint-Emilion

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Entre les bois du Landais au nord et à l’est, les coteaux dominant la plaine de Saint-Pey-d’Armens au sud, et ceux qui délimitent la plaine du Pomerol à l’ouest, la campagne Saint-Émilionnaise s’étend autour des communes de Lussac, Saint-Émilion, Puisseguin, sur une quinzaine de kilomètres aussi bien du nord au sud que d’est en ouest. Occupé avant tout par l’activité viticole, ce paysage de longs vallons et de coteaux irréguliers et accidentés est le fruit de longs siècles de travail. Il offre l’image soignée d’un patrimoine agricole amoureusement préservé, désormais inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
Bloc diagramme de l’unité E1 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E1

  • ABZAC
  • BELVES-DE-CASTILLON
  • CASTILLON-LA-BATAILLE
  • FRANCS
  • GARDEGAN-ET-TOURTIRAC
  • LES ARTIGUES-DE-LUSSAC
  • LES SALLES-DE-CASTILLON
  • LUSSAC
  • MONTAGNE
  • PETIT-PALAIS-ET-CORNEMPS
  • PUISSEGUIN
  • SAINT-CHRISTOPHE-DES-BARDES
  • SAINT-CIBARD
  • SAINT-DENIS-DE-PILE
  • SAINTE-COLOMBE
  • SAINT-EMILION
  • SAINT-ETIENNE-DE-LISSE
  • SAINT-GENES-DE-CASTILLON
  • SAINT-HIPPOLYTE
  • SAINT-LAURENT-DES-COMBES
  • SAINT-MAGNE-DE-CASTILLON
  • SAINT-MEDARD-DE-GUIZIERES
  • SAINT-PHILIPPE-D’AIGUILLETAYAC
Caractéristiques
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Une vocation viticole exclusive

Le plateau de Saint-Emilion est avant tout marqué et défini par la culture de la vigne : les règes se succèdent par milliers sur de vastes parcelles, révélant le lien très ancien qui associe ce pays à la production de vin. Soulignant chaque relief par la régularité de leurs longues rangées parallèles, peignant ce paysage avec une précision impressionnante, les vignes forment une nappe continue, des hauteurs du plateau aux coteaux des vallons.

Paysage monumental et pourtant à échelle humaine, du fait de la précision des tâches à effectuer, ces hectares de vigne sont, encore aujourd’hui, le résultat d’une patiente taille manuelle. Ceps et échalas sont les cellules de base qui, juxtaposées, constituent la campagne de Saint-Émilion.

Dans ce paysage très épuré, les éléments autres que la vigne prennent une grande importance. Les villages et châteaux, apparaissant comme posés sur un socle, découpent leurs silhouettes de calcaire marquées par les clochers ; les arbres, isolés, alignés ou en petits groupes, s’affirment et donnent une échelle aux grandes étendues peignées par les règes.

Une campagne-parc valorisée par les domaines viticoles

Les domaines viticoles organisent les vignes et les accompagnent d’aménagements discrets, mais qui accentuent l’aspect soigné de ces paysages. Isolés au sein de leurs vignes, les châteaux déroulent souvent devant eux une allée plantée, qui fait office de parc sans trop empiéter sur la vigne. Ces doubles alignements apportent variété et structure dans ce paysage. Certains châteaux préfèrent se distinguer de la vigne, se juchant sur des reliefs ou sur des terrasses construites pour prendre de la hauteur.

Au-delà de ces motifs architecturaux se dégagent des éléments discrets, mais constitutifs de l’aspect de campagne-parc "à la française" : les murets bas de pierre sèche et les fossés enherbés, qui clôturent les domaines et accompagnent la route, laissent filer la vue et valorisent les vignes ; les murs de soutènement des terrasses cultivées construisent les versants ; les chemins ruraux de terre blanche charpentent le vignoble... Cet aspect très dessiné, et la grande ouverture visuelle offerte par la vigne, expliquent que le Saint-Emilionnais soit un lieu de promenades privilégié, parcouru par de nombreux visiteurs, en plus d’être un terroir viticole prestigieux.

Une agriculture patrimoniale garante du paysage

Si ces paysages viticoles sont si bien préservés, c’est que la qualité et la valeur de la production a justifié un luxe de précautions dans la gestion de ce territoire. Quelques communes appartiennent d’ailleurs à la Juridiction de Saint-Émilion, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1999, en tant qu’"exemple remarquable d’un paysage viticole historique qui a survécu intact et est en activité de nos jours". Ainsi, les vignes sont cultivées avec une attention extrême, les extensions urbaines sont rares et très maîtrisées (moins vers le nord et l’est), les châteaux et chais sont bien entretenus, et les nouveaux bâtiments dessinés avec soin.

Mais ce statut entraîne inévitablement quelques effets pervers : outre les panneaux vantant ce patrimoine aux abords des villages, la pression d’urbanisation se reporte sur les communes n’appartenant pas à la Juridiction de Saint-Emilion. Ainsi, des extensions se développent à l’écart des bourgs d’origine, et de plus en plus bas dans les vallons (Saint-Genès-de-Castillon). Ailleurs, ce sont des maisons isolées qui s’implantent dans les vignes en bord de route (Puisseguin).

Ponctuellement, le paysage est menacé par des opérations immobilières. Ainsi, l’implantation au cœur du vignoble (Gardegan) d’un complexe organisé autour d’un golf risque de faire obstacle aux pratiques de promenade dans le paysage viticole, usage touristique traditionnel.

Une variété intéressante offerte par les paysages de vallons

Les vallons découpant le plateau apportent une variété bienvenue dans ces horizons viticoles. La Barbanne voit ses berges accueillir nombre de prairies pâturées, accompagnées d’une belle ripisylve. Des boisements importants, installés à mi-pente, referment le vallon sur lui-même et le révèlent sur le plateau par la succession, plus ou moins continue selon les secteurs, des cimes qui coupent le paysage. Les hauteurs des pentes retrouvent un usage viticole.

Vers les limites est et nord, les vallons sont de plus en plus boisés, les bois du Landais s’affirmant et prenant définitivement le pas sur la vigne.

Si elles sont principalement cultivées en vigne, les entailles qui découpent le coteau sud (surplombant et s’ouvrant souvent largement sur la plaine de Saint-Pey-d’Armens) apportent néanmoins une richesse supplémentaire par rapport aux paysages du plateau. En s’adaptant aux reliefs complexes de ces vallons, les viticulteurs ont constitué de véritables sculptures, transformant les vallons par la construction de murs, terrasses et soutènements. Ce paysage façonné est encore enrichi par les réseaux de drainage (fossés accompagnés d’une ripisylve légère qui parcourent les fonds de vallons) tandis que villages et petits boisements s’accrochent au sommet du coteau.

Enjeux
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Enjeux de protection/préservation

Les repères paysagers dans la plaine viticole (arbres, clochers...) : repérage et classement des éléments architecturaux et végétaux enrichissant les paysages viticoles.

Les paysages de bord de routes (murets, fossés enherbés, terrassements) : préservation et entretien soigné des abords des routes.

L’urbanisation limitée : maintien de l’organisation compacte des villages.

Enjeux de valorisation/création

Les paysages particuliers des fonds de vallons (réseaux de drainage, ripisylves...) : gestion des boisements et des prairies, entretien des réseaux de fossés, création d’itinéraires de promenade piétons et cyclistes.

Le potentiel écologique des vignes : soutien au développement des cultures biologiques et raisonnées, maintien et création de corridors biologiques.

Les routes en surplomb : maintien des abords des routes dégagés, entretien des talus et murs de soutènement.

Les vignes "urbaines" : maintien des parcelles viticoles dans les villages, aménagement des voiries et espaces publics pour valoriser ces rencontres agro-urbaines.

Le réseau des circulations douces (piétons vélos) : poursuite du maillage.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Les réseaux aériens très présents : enfouissement des réseaux.

L’apparition des échalas de métal : promotion des échalas traditionnels en bois.

E2. Le Pomerol

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Entre les collines de Saint-Emilion et la vallée de l’Isle, les terres viticoles du Pomerol s’étendent au nord de Libourne en une longue pente douce et régulière, très peu accidentée. Seuls deux vallons viennent l’interrompre : les ruisseaux de la Barbanne et du Lavie creusent chacun un sillon filant droit jusqu’au bas de la pente. Au sein de ce territoire presque exclusivement dédié à la vigne, ils se distinguent aussi par leurs rives boisées. Cette importance d’une viticulture prestigieuse explique l’urbanisation assez faible malgré l’immédiate proximité de Libourne : le bâti reste très épars à l’exception de quelques villages (Lalande-de-Pomerol, Les Artigues-de-Lussac) et des abords de la RD1089, principale voie de communication.

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Bloc diagramme de l’unité E2 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E2

  • LALANDE-DE-POMEROL
  • LES ARTIGUES-DE-LUSSAC
  • LIBOURNE
  • MONTAGNE
  • NEAC
  • POMEROL
  • SAINT-DENIS-DE-PILE
  • SAINT-EMILION
Caractéristiques
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L’omniprésence du vignoble

Le Pomerol présente une topographie d’ondulations douces à peine marquées. La vigne s’étend partout et compose un paysage de monoculture à grande échelle : la qualité du vin produit ici est parmi les plus renommées. Cette association entre le relief peu marqué et la viticulture omniprésente offre à l’œil des horizons larges et lointains, où tout est perceptible : bourgs ou bâtiments isolés, arbres solitaires, bosquets ou allées plantées... Tous les éléments complétant le paysage des vignes sont visibles immédiatement.

Les vallons boisés

La Barbanne et le Lavie s’écoulent tous deux depuis les collines de Saint-Emilion, à l’est, et suivent des parcours parallèles, assez rectilignes jusqu’à la vallée de l’Isle. Leurs très étroits méandres marquent ainsi les pentes du Pomerol par deux tranchées qui constituent des interruptions nettes, bien que très fines, dans la continuité viticole. Tous deux voient leurs versants occupés par des boisements, continus ou en bosquets, tandis que les fonds de vallons laissent la place à quelques cultures et prairies, organisées par des réseaux de haies arborées.

Au-delà d’une variété paysagère bienvenue, ils forment également des corridors biologiques particulièrement utiles à la faune et propices à la biodiversité, dans un contexte où les techniques de la monoculture viticole laissent peu de place pour les espaces naturels.

Quelques autres éléments viennent localement enrichir ces paysages : canaux ou étangs, moulin ou château, diversifient la palette des images perçues et soulignent les transformations humaines du territoire. Des peupleraies apparaissent également, avec des conséquences environnementales mitigées car leur développement pourrait refermer visuellement ces vallons.

Le patrimoine des domaines viticoles

Les domaines viticoles, constitués d’un château et de chais - éventuellement agrémentés d’un parc - et des vignes qui leur sont associées, forment des entités complexes, qui participent grandement à la qualité des paysages de vignobles.

Entouré de ses vignes, le château se doit d’entretenir au mieux ses cultures, qui pour lui font office d’écrin ; une allée plantée assurera sa visibilité sans sacrifier de terres à la composition d’un parc ; des clôtures permettront d’affirmer l’emprise du domaine tout en donnant à voir sa splendeur viticole. Ces éléments, variant plus ou moins d’un château à l’autre, valorisent ces paysages de façon originale tout en apportant une certaine diversité dans ces horizons de monoculture.

Certains domaines s’enrichissent de bâtiments contemporains qui ont su ne pas tomber dans le pastiche. Leur réussite architecturale contribue à la qualité paysagère du terroir du Pomerol et à l’image des vins produits, équilibrée entre tradition et modernité.

Les bourgs et leurs silhouettes préservées

La présence visuelle des villages est importante, du fait de l’ouverture offerte par les vignes : en effet, tous les bâtiments sont immédiatement perceptibles, et prennent vite une place notable dans ces paysages. Aujourd’hui, ceci n’est pas un problème dans le Pomerol puisque très peu d’implantations disgracieuses se sont imposées : la pression foncière est ici largement compensée par la valeur des terres viticoles, et les extensions urbaines restent très limitées, jusqu’aux portes de Libourne.

Autour de leur église, monument facilement repérable au sein de ces reliefs modestes, les bourgs sont bien groupés et présentent des silhouettes compactes.

Enjeux
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Enjeux de protection/préservation

La qualité de l’architecture des domaines viticoles : repérage des bâtiments patrimoniaux, classement et protection par les documents d’urbanisme.

Les silhouettes bien dessinées des bourgs : maintien de l’organisation compacte des villages lors des extensions, soin des "lisières urbaines" au contact des vignes.

Enjeux de valorisation/création

Les arbres solitaires, repères dans la vigne : repérage et classement des éléments végétaux enrichissant les paysages viticoles, entretien et renouvellement.

Le potentiel écologique des vignes : soutien au développement des cultures biologiques et raisonnées, maintien et création de corridors biologiques.

Les vignes imbriquées en ville ou en lisière : valorisation paysagère, création de limites de qualité, création de circulations douces périphériques.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Les réseaux aériens : enfouissement des réseaux aériens.

Les entrées de ville de Libourne : revalorisation architecturale et paysagère des abords des routes, des zones commerciales, valorisation des parcelles de vignes et ouvertures visuelles préservées.

E3. La vallée de l’Isle

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Après sa confluence avec la Dronne et avant qu’elle ne se jette dans la Dordogne, la vallée de l’Isle forme de nombreux méandres, errant d’un bord à l’autre de son lit où l’on devine les traces d’anciens bras morts au fil d’une douzaine de kilomètres. Ce large terrain de jeu du cours d’eau est resté exempt d’urbanisation : bien qu’important, le bâti se concentre en rive gauche, au pied des pentes du Pomerol et au long de la RD910. C’est un paysage de cultures et de prairies bocagères qui se dessine à proximité des berges, sur ces terres humides aux milieux naturels riches.

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Bloc diagramme de l’unité E3 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E3

  • ABZAC
  • BONZAC
  • COUTRAS
  • FRONSAC
  • GALGON
  • GUITRES
  • LALANDE-DE-POMEROL
  • LES BILLAUX
  • LIBOURNE
  • SABLONS
  • SAILLANS
  • SAINT-DENIS-DE-PILE
  • SAINT-MARTIN-DE-LAYE
Caractéristiques
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Un paysage de prairies et de cultures, à la trame végétale riche

Le lit majeur de l’Isle s’étend sur environ deux kilomètres de large, laissant à la rivière suffisamment d’espace pour développer d’amples méandres, et les terrains alluviaux humides de ce fond de vallée sont propices à l’exploitation agricole, aussi bien sous la forme de pâtures que de cultures. Ce sont donc des paysages très verdoyants qui se lovent au sein des courbes de la rivière : une majorité de prairies accompagnées de hautes haies arborées composent ce territoire.

Une vraie trame bocagère organise ici des paysages agréables : réseaux de haies, canaux de drainage, petites mares, bosquets de feuillus... Ces terres agricoles présentent des éléments variés, les cultures comme les prairies s’inscrivant dans un ensemble cohérent et bien composé.

L’absence de presque toute trace d’urbanisation dans le lit inondable de la rivière participe également de cette qualité des paysages de la vallée : depuis le coteau abrupt de la rive droite, on perçoit une composition uniquement végétale.

Des bourgs fluviaux connectés à la rivière

Les deux exceptions évidentes sont Guîtres et Saint-Denis-de-Pile : bourgs fluviaux implantés sur les berges mêmes de l’Isle, ils constituent le patrimoine urbain de la vallée, présentant de riches façades bâties.

Si Guîtres se développe davantage sur les hauteurs, elle s’ouvre tout de même clairement sur la rivière. Sous la silhouette massive de l’abbatiale, le coteau bâti s’offre à la vue, toitures et murs de soutènement se succédant jusqu’aux berges, où un large quai maçonné accueille un mail planté de platanes (sujets à une taille sévère et radicale).

Saint-Denis-de-Pile, au contraire, est installée entièrement sur les basses terres inondables. Si la façade bâtie est également de qualité - avec une église tout aussi massive - sa découverte est moins spectaculaire, puisque, à défaut de coteau, on ne perçoit qu’une frange extérieure de la ville. Mais le rapport à la rivière est tout à fait intéressant : point de quai maçonné ici, mais des berges enherbées qui descendent doucement dans l’eau. De petits pontons flottants perpendiculaires au cours d’eau assurent les besoins logistiques, tandis que de nombreux arbres agrémentent cet espace.

Un couloir urbain quasi-continu

Sur les terrains plus élevés, abrités des crues de la rivière, l’urbanisation s’est développée sans retenue : le long de la RD910, les coupures d’urbanisation se font rares, et sont peu affirmées. Seuls quelques ruisseaux, affluents de l’Isle, permettent encore de préserver des espaces de respiration dans ce corridor bâti (la Barbanne, le Lavie, le ruisseau de Mauriens).

Cette urbanisation est constituée presque exclusivement de logements pavillonnaires individuels, implantés autour de la route, au cœur de leur parcelle. A l’exception de Saint-Denis-de-Pile, on ne trouve donc presque pas de centre urbain constitué sur cet axe : aucun lieu de vie n’est accessible aux riverains, et la voiture devient rapidement indispensable au quotidien.

Des équipements périurbains accompagnés d’espaces d’aménités

Au sud, avant la confluence avec la Dordogne, l’Isle et sa vallée connaissent l’influence de Libourne, et ces espaces ont donc été investis par des équipements destinés à la population des environs. D’une part, au bord de cette même RD910, une inévitable zone d’activités de grande ampleur s’étend aux côtés d’un quartier pavillonnaire également assez étendu. D’autre part, le lac des Dagueys, dans la vallée, accueille Libourne-Plage, site de loisirs réunissant parc, promenades, aménagements de baignade et zone naturelle.

Enjeux
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Enjeux de protection/préservation

Les prairies et le réseau des haies bocagères : repérage et protection des haies et arbres isolés, entretien et renouvellement des arbres, maintien de la continuité des corridors écologiques locaux, protection des prairies contre leur mise en culture.

Les coupures d’urbanisation sur la RD910 : maintien des respirations par la définition de zones non constructibles, valorisation des ouvertures, aménagement de points de vue.

Enjeux de valorisation/création

Les zones humides de la vallée : création d’itinéraires protégés de découverte des milieux humides, préservation des zones d’expansion de crues.

Les berges à Guîtres et à Saint-Denis-de-Pile : protection du patrimoine bâti, aménagement de la voirie sur berge, valorisation des quais et pontons.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Le bâti au fil de la RD910 : arrêt de la construction linéaire, maintien de fenêtres paysagères par la définition de zones non constructibles, revalorisation des haies et clôtures sur route et des emprises routières.

E4. Le Fronsadais

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Petite unité de paysage d’environ huit kilomètres par huit, le Fronsadais se démarque avant tout par son relief et ses cultures : derrière le Tertre de Fronsac, figure de proue emblématique, s’élèvent des collines dont les versants sont couverts de vigne. C’est l’érosion due à la Dordogne et à l’Isle qui a fait émerger ces hauteurs, dominant les vallées de plus de 70 m par des versants abrupts. Aucune voie importante ne traverse ce territoire : la RD670 suit le pied des coteaux, accompagnée de bâti, tandis que la RD246 dessert les hauteurs et leur urbanisation diffuse, jusqu’à Fronsac.

© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
Bloc diagramme de l’unité E4 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E4

  • FRONSAC
  • GALGON
  • LA RIVIERE
  • LES BILLAUX
  • LUGON-ET-L’ILE-DU-CARNAY
  • SAILLANS
  • SAINT-AIGNAN
  • SAINT-GERMAIN-DE-LA-RIVIERE
  • SAINT-MICHEL-DE-FRONSAC
  • VILLEGOUGE
Caractéristiques
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Un paysage viticole avant tout, enrichi par le relief

Sur ce promontoire calcaire, datant de l’Oligocène (de 33 à 24 millions d’années avant notre ère), les vignes ont été implantées partout, des sommets aux pieds de coteaux, en passant par les pentes les plus escarpées. Si le vignoble s’étend sur de vastes surfaces, les reliefs apportent quant à eux une certaine variété, et enrichissent ces paysages : sur les pentes découpées par les vallons, les règes parallèles soulignent les mouvements de terrain, et guident le regard depuis les routes aux bords enherbés.

Quelques boisements dans les creux et vallons

Quelques étroites bandes boisées ou petits bosquets apportent une touche de diversité dans ces horizons viticoles, mais leur emprise reste très limitée : on ne les trouve que dans quelques vallons et sur les pentes les plus escarpées. C’est parfois un simple talus en bord de route qui permet cette présence arborée.

Le ruisseau de Frayche et celui de la Moulinasse sont accompagnés de cortèges boisés plus fournis, et plus continus : depuis les hauteurs, leurs vallons voient se succéder plusieurs bosquets qui forment de vraies coupures paysagères dans les vignes, ainsi que des corridors biologiques importants pour ce territoire de monoculture.

Une urbanisation récente sans grande qualité

L’urbanisation dans cette unité est assez dispersée : les bourgs et hameaux sont répartis de façon assez homogène sur le réseau des routes locales, et les communes de Lugon et Galgon, respectivement aux pointes ouest et nord, concentrent une population plus importante sur les limites. Au sein de ces terres gérées pour la viticulture, le mitage et les extensions urbaines disgracieuses, jusqu’ici peu importants, commencent à dévaloriser les paysages.

Néanmoins, ce type de développement tend plutôt à se concentrer autour des villages plus importants : Galgon, Lugon et Villegouge voient ainsi des lotissements fermés ou encore des enfilades de pavillons s’implanter sur leur pourtour. Cette urbanisation ne permet ni le maintien de la qualité des paysages, ni l’introduction des qualités d’un vrai espace urbain : pas d’espace public, recours nécessaire à la voiture...

Enjeux
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© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier

Enjeux de protection/préservation

Les domaines viticoles et leurs bâtiments : repérage des bâtiments patrimoniaux, classement et protection par les documents d’urbanisme.

Les repères paysagers (arbres, clochers...) : repérage et protection des éléments architecturaux et végétaux enrichissant les paysages viticoles.

Le tertre de Fronsac : protection des bâtiments et de leurs abords, gestion de la végétation et maintien d’ouvertures visuelles.

Enjeux de valorisation/création

Les paysages des vallons : gestion des boisements, création d’itinéraires de promenades piétons et cyclistes.

Le potentiel écologique des vignes : soutien au développement des cultures biologiques et raisonnées, maintien et création de corridors biologiques.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Les quartiers d’habitation récents à Lugon et Galgon : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité.

E5. Le Cubzadais

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Grande unité s’étendant sur vingt kilomètres d’est en ouest et presque autant du nord au sud, le Cubzaguais est délimité par les trois vallées de la Dordogne, du Moron et de l’Isle. Le coteau abrupt longeant cette dernière forme les reliefs les plus marqués, ceux-ci allant ensuite en s’adoucissant vers l’ouest, jusqu’aux contreforts des collines du Blayais. Si la vigne est encore une fois une des composantes importantes du paysage, elle ne s’impose pas en nappes continues mais compose avec les cultures, les boisements et les prairies des paysages variés aux vallonnements agréables. Une urbanisation notable est répartie sur l’ensemble de l’unité - quelques routes départementales desservant les bourgs principaux (RD1010, RD670, RD10...) - tandis que la voie ferrée et l’autoroute A10 la traversent du nord au sud.

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Bloc diagramme de l’unité E5 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E5

  • BAYAS
  • BONZAC
  • CADILLAC-EN-FRONSADAIS
  • CAVIGNAC
  • CEZAC
  • CIVRAC-DE-BLAYE
  • CUBNEZAIS
  • CUBZAC-LES-PONTS
  • GALGON
  • GAURIAGUET
  • GUITRES
  • LA LANDE-DE-FRONSAC
  • LAPOUYADE
  • LUGON-ET-L’ILE-DU-CARNAY
  • MARANSIN
  • MARCENAIS
  • MARSAS
  • MOUILLAC
  • PERISSAC
  • PEUJARD
  • PRIGNAC-ET-MARCAMPS
  • PUGNAC
  • SABLONS
  • SAINT-ANDRE-DE-CUBZAC
  • SAINT-CHRISTOLY-DE-BLAYE
  • SAINT-CIERS-D’ABZAC
  • SAINT-GENES-DE-FRONSAC
  • SAINT-GERVAIS
  • SAINT-LAURENT-D’ARCE
  • SAINT-MARIENS
  • SAINT-MARTIN-DE-LAYE
  • SAINT-MARTIN-DU-BOIS
  • SAINT-ROMAIN-LA-VIRVEE
  • SAINT-SAVIN
  • SAINT-VIVIEN-DE-BLAYE
  • SAINT-YZAN-DE-SOUDIAC
  • SAVIGNAC-DE-L’ISLE
  • TARNES
  • TAURIAC
  • TIZAC-DE-LAPOUYADE
  • VAL-DE-VIRVÉE
  • VERAC
  • VILLEGOUGE
  • VIRSAC
Caractéristiques
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Des paysages variés, composés par les vignes, boisements, cultures et prairies

Sur une superficie importante, le Cubzaguais réunit des composantes paysagères diverses, qui dessinent des paysages riches et variés. La vigne - culture principale sur la moitié nord-est du département - reste ici un élément majeur, mais les horizons ne sont pas ceux d’une monoculture comme on peut en voir dans le Pomerol. Au contraire, boisements, cultures et prairies participent tout autant des ambiances rencontrées.

Le relief et les paysages des vallées

À ceci s’ajoutent les reliefs : sans être très marqués, ceux-ci constituent néanmoins un socle vallonné et des collines aux visages divers. Les replis se succèdent, plus ou moins proches les uns des autres, plus ou moins profonds, et organisent différemment les paysages. Si les trois vallons principaux, parcourus par le Moron, la Virvée et la Saye, présentent des paysages mixtes, associant boisements et vallées agricoles bocagères, les vallons secondaires sont souvent occupés principalement par la forêt (mixte ou feuillue).

Ce ne sont donc pas de larges horizons qui s’offrent ici aux regards, mais plutôt des paysages semi-ouverts, fragmentés par les bosquets et lisières qui ponctuent des terres agricoles aux occupations diversifiées, parfois complétées par les structures végétales des haies.

Le paysage des routes

Les routes parcourant ce pays à la topographie subtile offrent aussi des situations diverses, surplombant les paysages de vallées ou longeant le bas de doux coteaux. Si l’on ne voit que peu d’alignements d’arbres, on découvre en revanche des configurations assez variées : surélevées par des murets de pierre ou encaissées entre des talus enherbées, les routes présentent souvent des abords de qualité qui enrichissent les parcours au sein de cette unité.

Des paysages historiques discrets : grottes et carrières

D’autres éléments, plus discrets, ont pourtant joué un rôle majeur dans l’histoire de ces paysages. Ainsi, la grotte de Pair-Non-Pair, sur le territoire communal de Prignac-et-Marcamps, témoigne de l’occupation ancienne du département même si elle ne constitue pas en soi un paysage perceptible.

es carrières de calcaire ont eu, quant à elles, une influence majeure, et plus directement lisible, sur les paysages. D’une part, elles ont fourni les matériaux de base pour la construction locale, mais aussi pour des bâtiments plus éloignés et plus prestigieux. Ainsi, la pierre calcaire de Prignac-et-Marcamps, dite de Bourg, était réputée et fut beaucoup utilisée pour les monuments bordelais. Elle est encore employée actuellement pour les chantiers de restauration.

D’autre part, ces aires d’extraction étant souvent exploitées à ciel ouvert, elles forment dans le paysage des motifs particuliers, révélateurs à la fois du sous-sol et de l’histoire locale. Elles restent aujourd’hui souvent discrètes, notamment du fait de la végétation qui s’y installe et dissimule facilement ces sites semi-enterrés.

Des opérations urbaines récentes dévalorisantes

Si les villages et le bâti ancien sont souvent de qualité - notamment grâce aux carrières locales - et présentent de belles silhouettes et des entrées agréables, les constructions récentes tendent de plus en plus à les banaliser et à les dégrader. Extensions urbaines lâches, mitage par le bâti isolé, implantations en bord de routes et zones d’activités ont un impact négatif important sur les paysages de l’unité. Peu d’opérations témoignent d’une tentative d’inscription dans la structure et les paysages existants.

Enjeux
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© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier

Enjeux de protection/préservation

Le bâti ancien patrimonial : repérage, classement et protection par les documents d’urbanisme.

La qualité du traitement des routes : gestion de la végétation aux abords des routes (entretien des haies, maintien des ouvertures...), entretien des talus et murs de soutènement.

Enjeux de valorisation/création

Les carrières de calcaire : dégagement par la gestion de la végétation, aménagement de points de vue extérieurs, création d’itinéraires de découverte.

Les paysages des vallons : gestion des boisements, entretien et renouvellement des haies bocagères, création d’itinéraires de promenades piétons et cyclistes.

Les espaces publics des bourgs : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, aménagement d’espaces accueillants.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Les extensions urbaines disgracieuses : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes problématiques par la mise en place de lisières urbaines plantées.

L’enfrichement des espaces ouverts : maintien des prairies, gestion par pâturage.

E6. Le Blayais

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Situation
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L’unité de paysage du Blayais forme un ensemble de reliefs dont la base s’étend sur quatorze kilomètres par vingt environ et dont le petit village de Saint-Trojan forme le point culminant. Hautes et escarpées au sud-ouest, ces collines s’adoucissent progressivement vers l’est jusqu’à la vallée du Moron et vers le nord jusqu’aux marais de Braud-et-Saint-Louis et de la Vergne ; au contraire, un coteau calcaire abrupt longe l’estuaire de la Gironde. La vigne est présente presque partout et ne délaisse que quelques vallons, boisés ou cultivés. Une urbanisation assez diffuse - mais plus marquée au long de l’estuaire (Bourg, Blaye) - complète ces paysages, desservie principalement par quelques routes départementales (RD137, RD937, RD669...).

© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
Bloc diagramme de l’unité E6 © Agence Folléa-Gautier

Les communes concernées par l'unité de paysage E6

  • ANGLADE
  • BAYON-SUR-GIRONDE
  • BERSON
  • BLAYE
  • BOURG
  • CAMPUGNAN
  • CARS
  • CARTELEGUE
  • COMPS
  • EYRANS
  • FOURS
  • GAURIAC
  • GENERAC
  • LANSAC
  • MAZION
  • MOMBRIER
  • PLASSAC
  • PRIGNAC-ET-MARCAMPS
  • PUGNAC
  • SAINT-ANDRONY
  • SAINT-CHRISTOLY-DE-BLAYE
  • SAINT-CIERS-DE-CANESSE
  • SAINT-GENES-DE-BLAYE
  • SAINT-GIRONS-D’AIGUEVIVES
  • SAINT-MARTIN-LACAUSSADE
  • SAINT-PAUL
  • SAINT-SEURIN-DE-BOURG
  • SAINT-SEURIN-DE-CURSAC
  • SAINT-TROJAN
  • SAINT-VIVIEN-DE-BLAYE
  • SAMONAC
  • TAURIAC
  • TEUILLAC
  • VILLENEUVE
Caractéristiques
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Des collines rondes et vives

Le socle du Blayais est constitué majoritairement de calcaire, formé sur une large période s’étendant de l’éocène au pléistocène inférieur (entre - 55 et - 1 million d’années). D’importantes nappes d’argiles, de sables et de graviers complètent cette base pour former le soubassement des collines. Celles-ci constituent des reliefs ondulés variés : formes rondes et vives dans la partie sud-ouest du Blayais, les collines s’étirent en longs versants doux à proximité des marais littoraux, ou bien voient leurs pentes accentuées par les échancrures des vallons.Au nord-ouest, des sols argilo-calcaires variés les recouvrent, tandis que des sables blancs lessivés occupent la partie est. Mais ces différents substrats sont tout autant propices à la vigne, qui couvre une très large majorité de l’unité.

Un vignoble omniprésent

La quasi-totalité du Blayais est occupée par la vigne, ici classée sous l’appellation Premières Côtes de Blaye. Cultivée en grandes étendues, elle dessine des paysages très ouverts, où le regard peut porter très loin. La régularité des règes souligne les reliefs des collines, tout autant sur les pentes très douces descendant vers les marais que sur les versants plus pentus des collines intérieures.

Les domaines viticoles agrémentent ces paysages par leur architecture souvent soignée. Châteaux et chais se dressent sur les crêtes, surplombant majestueusement les parcelles de plantations. Des arbres - isolés ou organisés en allées - soulignent encore le statut particulier de ces ensembles bâtis prestigieux, et enrichissent le paysage en complétant les structures végétales.

Une certaine variété dans les vallons : cultures et boisements

Dans ce territoire si uniformément viticole, les nombreux vallons qui modèlent le terrain créent de modestes ruptures. Etroits et escarpés au sud-ouest, moins nets au nord et à l’est, ils forment dans tous les cas des variations topographiques génératrices de diversité paysagère. Le passage des routes à flanc de coteau ou en remblais crée des conditions idéales pour dégager de larges vues sur les paysages de vignobles agrémentés de bosquets ou de structures végétales.

Souvent, une occupation du sol plus variée enrichit encore les paysages de ces vallons. Boisements feuillus ou mixtes, cultures céréalières, ou prairies trouvent alors leur place dans les fonds, souvent surplombés par des versants viticoles. Les structures végétales bénéficient également des accidents du terrain, investissant les talus ou les bords des cours d’eau.

Un coteau calcaire habité et exploité

Les coteaux calcaire de Bourg à Blaye offrent une situation unique à l’échelle du département, puisque la corniche de Gironde est un véritable balcon sur l’estuaire en contrebas, donnant à voir le Bec d’Ambès, les îles, et les horizons du Médoc sur l’autre rive.Mais au-delà de cette situation privilégiée, il s’agit d’un coteau habité et exploité de multiples façons.

Lorsque les pentes ne sont pas trop abruptes, ce sont les vignes qui s’avancent au maximum surplombant les boisements de la falaise pour profiter de ce terrain propice, qui bénéficie du climat favorable généré par l’estuaire.

Exploitées pour la pierre, les falaises ont été longtemps façonnées par l’homme qui, pour en extraire des matériaux, les sapait progressivement à la base jusqu’à causer des éboulements. Cette méthode dite ’à la tombée’ était extrêmement dangereuse, mais permettait de fournir des moellons en quantité, commercialisés par la suite grâce à la navigation fluviale. Les falaises irrégulières - bien distinctes des fronts de taille rectilignes qu’on trouve dans les carrières à l’intérieur des terres - qui longent l’estuaire de Bourg à Blaye sont héritées de cette industrie.

Sur l’étroite berge comprise entre l’eau et la falaise, la corniche de Gironde est habitée. Sur la rive elle-même se lovent de petits jardins : adaptés à l’espace disponible, ils participent de la qualité des paysages que donne à voir la route RD669E1. De l’autre côté de cette route s’alignent les maisons en pied de coteau, surplombées par la végétation foisonnante de la paroi. Enfin, le socle rocheux lui-même accueille des constructions troglodytiques, mi-creusées, mi-bâties, autre forme d’exploitation du calcaire pour l’habitat girondin. Mêlées aux jardins des pentes, aux bâtiments des berges et à la végétation de la falaise, elles forment un paysage vertical complexe et riche, minéral et végétal à la fois.

Bourg et Blaye, deux sites patrimoniaux fortifiés

Etablie à la fois sur les hauteurs d’un éperon rocheux et sur les berges de la Dordogne, peu avant la naissance de l’estuaire, Bourg est une petite ville dont la vocation commerciale est longtemps restée importante. La ville ancienne présente une structure dense, compacte, qui se révèle notamment depuis les hauteurs : les quartiers bas s’étendent au pied du coteau, complétant le paysage du fleuve et du Bec d’Ambès par l’image d’un tapis de toitures.

Si ce patrimoine ancien, dont le château reste le plus prestigieux représentant, est assez bien préservé, les extensions plus récentes de la ville sont nettement moins valorisantes. Au fil des routes principales s’implantent de nombreuses habitations pavillonnaires, isolées au centre de leurs parcelles, qui étendent la surface construite sans développer les qualités de l’espace urbain du bourg. Quelques grandes surfaces s’implantent également au long de la RD669, dégradant les paysages en entrée de ville.

Blaye est l’un des sites architecturaux majeurs de l’estuaire, présentant, tout comme Pauillac, un front urbain de qualité sur les berges même de celui-ci, complété par le monument qu’est la citadelle Vauban, datant du XVIIème siècle. Entre les deux, l’exutoire du ruisseau du Saugeron accueille le seul chenal portuaire urbain de l’estuaire. Dans le système du Verrou de la Gironde, Blaye est la pièce maîtresse d’un triptyque complété par Fort Médoc, sur la rive gauche, et Fort Pâté, sur l’île du même nom. Ce système permettait de compenser la portée limitée des canons, en donnant la possibilité d’effectuer des tirs croisés sur tout navire ennemi, protégeant ainsi la ville de Bordeaux en amont. L’ensemble a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Bien que cet héritage architectural soit de grande qualité, conférant à la ville un attrait touristique certain, sa valorisation n’est pas optimale. Les espaces publics autour du port, assurant la jonction entre bourg et forteresse, souffrent de dysfonctionnements en termes d’usages autant que d’image, apparaissant comme un vaste parking peu amène et désorganisé.

De plus, contrairement aux quartiers anciens implantés sur le coteau, les constructions plus récentes se dispersent vers l’est sans produire de forme urbaine qualitative, ou bien s’étirent vers le nord au long des routes. Les lotissements pavillonnaires organisés en cul-de-sac constituent l’essentiel de la ville de Blaye aujourd’hui ; ils s’accompagnent d’une large zone commerciale à la sortie est de la ville, sur la RD937.

Le port de Plassac

A quelques kilomètres au sud de Blaye se situe Plassac, ou le charme du bâti ancien s’associe aux paysages naturels de l’estuaire, grâce notamment à l’accessibilité importante des berges. Le port, qui accueille de nombreux bateaux de plaisance, montre une image typique de port estuarien, organisé autour d’un chenal incisé dans les terres, perpendiculaire à l’estuaire, et accompagné d’une végétation généreuse qui fait ’entrer’ la nature jusqu’au plus près du cœur du village. Les maisons composent un front bâti homogène et de qualité tourné vers la Gironde. Quelques jardins les accompagnent ; implantés de l’autre côté de la rue et bien visibles depuis l’espace public, ils sont souvent caractérisés par une végétation d’origine exotique. En arrière de ces maisons, les ruines de trois villae gallo-romaines construites au début de notre ère s’exposent en plein air, au pied de l’église. Elles font de Plassac un site archéologique d’intérêt majeur.

Une progression notable de l’urbanisation

Une urbanisation assez homogène, composée de nombreuses fermes et de petits villages et hameaux, occupe le Blayais en un maillage peu dense (mais présent sur l’ensemble de l’unité). Quelques ’pôles’ urbains plus peuplés ponctuent néanmoins ce territoire. Sur la rive de l’estuaire, Blaye et Bourg concentrent une population importante, et la RD669 qui les relie s’accompagne d’un grand nombre de constructions. Mais on trouve aussi, dans une moindre mesure et à une échelle plus locale, quelques groupements importants à l’intérieur des terres : Pugnac, Saint-Christoly-de-Blaye, ou encore Berson forment ainsi des bourgs conséquents au sein du maillage bâti diffus des collines.

De nombreux bourgs et hameaux voient aujourd’hui des extensions urbaines plus ou moins heureuses se développer à leurs abords. Les constructions récentes s’installent en effet principalement au bord des routes, générant une urbanisation linéaire qui perd tout lien avec les centralités villageoises. La vigne ne joue pas aussi bien le rôle de résistance aux pressions foncières qu’elle peut le faire sur les terroirs de Saint-Emilion ou de Pomerol.

Enjeux
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© Département Gironde / Agence Folléa-Gautier

Enjeux de protection/préservation

Le patrimoine bâti de Bourg et Blaye : poursuite des efforts de réhabilitation et de mise en valeur, renforcement de l’attractivité des logements de centre-ville.

Les paysages de la corniche de Gironde : gestion soignée des abords de la RD669, maintien des grandes ouvertures paysagères, maîtrise architecturale des habitations et équipements en bord d’estuaire, mise en place de circulations douces (notamment pour accéder aux points de vue des hauteurs).

Enjeux de valorisation/création

Les berges et les petits ports de l’estuaire : aménagement de points de vue et d’espaces d’accueil en bord d’estuaire, réduction des surfaces minéralisées.

Les traces d’exploitation de la falaise calcaire : révélation par dégagement de la végétation, aménagement de sites accessibles, création d’itinéraires de découverte.

Enjeux de réhabilitation/requalification

Les espaces publics de Blaye (liaison ville-port-citadelle) : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, valorisation du site de la citadelle et du port.

Les constructions au fil des routes et le mitage par les bâtiments isolés : arrêt du développement linéaire des constructions, inscription des constructions existantes dans le paysage par la mise en place de lisières urbaines plantées.

La forte présence des pancartes publicitaires (notamment les domaines viticoles) : mise en place de réglementations ou de chartes communes.