H. Le Bazadais
Au sud-est du département, sur des terres légèrement plus élevées que le plateau landais, est installé le pays bazadais. Entre la vallée de la Garonne et celle du Ciron, cet ensemble est bordé par la forêt landaise au sud-ouest, mais se singularise nettement de ce paysage. Bien que très forestier, le Bazadais est couvert de nombreuses clairières cultivées, implantées sur des reliefs aux doux vallonnements, et le pin maritime cède la place au chêne. Prairies et cultures céréalières dominent, associées à quelques vergers et à de rares vignes. Au nord, une large terrasse plane et cultivée en openfield surplombe le fleuve. Cultures, reliefs et boisements de feuillus et de pins mêlés composent ici des paysages variés.
Paysage d’exception à proximité de la forêt landaise, nettement différent de son imposant voisin, le Bazadais abrite lui-même deux configurations bien distinguées. En effet, surplombant légèrement la Garonne en rive gauche, la terrasse du Bazadais présente un relief très horizontal, couvert de cultures sur de vastes surfaces ; en retrait, les collines du Bazadais proprement dit offrent plus de vallonnements et accueillent d’avantage de boisements. Le Bazadais se divise donc en deux unités de paysages :
H1. La terrasse du Bazadais
Surplombant la vallée de la Garonne en rive gauche, cette unité voit ses limites très clairement dessinées par le relief : sur environ 25 kilomètres, une terrasse alluviale résolument plane est comprise entre le coteau raide du fleuve, au nord, et une dénivellation plus douce au sud, qui la sépare du Bazadais à proprement parler. Cinq vallons (le Lisos, la Bassanne, le Beuve...), souvent accompagnés de prairies et de boisements, divisent l’unité perpendiculairement à l’axe de la vallée, enrichissant ainsi ses paysages de plateau à dominante céréalière. A l’exception de Langon, ville principale implantée à l’ouest, à l’aplomb du fleuve, l’urbanisation est plutôt dispersée, suivant de façon homogène le maillage viaire assez fin du territoire ; l’autoroute A62, quant à elle, passe légèrement au sud de Langon avant de traverser l’unité d’ouest en est, et offre aussi une connexion avec la A65.
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Les communes concernées par l'unité de paysage H1
- AILLAS
- AUROS
- BASSANNE
- BIEUJAC
- BLAIGNAC
- BRANNENS
- CASTETS-ET-CASTILLON
- COIMERES
- FARGUES
- FONTET
- HURE
- LANGON
- LOUPIAC-DE-LA-REOLE
- MAZERES
- NOAILLAC
- PONDAURAT
- PUYBARBAN
- ROAILLAN
- SAINT-LOUBERT
- SAINT-PARDON-DE-CONQUES
- SAINT-PIERRE-DE-MONS
- SAVIGNAC
- TOULENNE
Un socle géologique particulier
Les deux coteaux qui définissent cette terrasse correspondent avec précision aux limites géologiques du sous-sol. Celui-ci est en effet constitué d’une nappe d’argiles, de sables et de graviers datant du Pléistocène inférieur, reposant sur un socle calcaire du tertiaire révélé par certains cours d’eau. Cette configuration est bien distincte des alluvions modernes de la vallée en contrebas, ainsi que du sable des Landes qui s’étend au sud-ouest jusqu’au littoral. Elle explique l’exploitation de ces terres, semées en premier lieu de céréales.
Une horizontalité caractéristique soulignée par les cultures
Entre les vallons qui morcellent cette unité, les vastes surfaces planes voient leurs paysages caractérisés par la prédominance des terres labourées : les champs cultivés s’étendent ici en grandes parcelles dégagées, et ouvrent des horizons très larges. On peut ainsi percevoir directement la topographie particulière de cette unité et l’identifier facilement.
Mais la présence des boisements permet d’enrichir ces paysages, et évite la monotonie de terres agricoles infinies s’étendant à perte de vue. En effet, les arbres participent également de la composition d’ensemble, qu’ils soient éparpillés en bosquets parmi les cultures, qu’ils se rassemblent en petites forêts sur le plateau ou qu’ils signalent la présence d’un coteau par une longue lisière.
Les vallons boisés
Les vallons, quant à eux, agrémentent les paysages et les parcours par une variété topographique bienvenue, brisant la continuité de la terrasse en plusieurs endroits. De plus, au sein de ces paysages de céréaliculture, ils sont aussi le plus souvent boisés, principalement par des feuillus qui poussent en corridors végétaux sur les coteaux et les berges.
Les terres viticoles de Langon
A l’est de Langon, une partie des sols de la terrasse du Bazadais est constituée de graves, bien drainantes et propices à la viticulture : on trouve donc ici un secteur occupé principalement par des terres de vignoble, autour des ruisseaux de Brion et de Grusson. A l’exception de rares vignes dispersées en amont - sur des surfaces bien plus réduites - il s’agit là des premières terres girondines dédiées à la viticulture en rive gauche de la Garonne : les premières terrasses de graves, qui marqueront le paysage girondin en se prolongeant dans le Médoc jusqu’à proximité de l’embouchure de l’estuaire.
Une urbanisation en développement, concentrée en sommet de coteau
L’occupation humaine de cette unité est distribuée inégalement : si des fermes isolées et de petits hameaux sont répartis sur l’ensemble du territoire, la majorité des bourgs se situe au sommet du coteau de la Garonne, sur la route RD224.
Les villages anciens s’inscrivent bien dans les paysages de la terrasse, leurs silhouettes s’immisçant entre les étendues de cultures et les horizons boisés ; les extensions bâties récentes tendent à s’implanter de manière plus brutale, imposant des architecture standardisées, alignées en bord de route.
Les séchoirs à tabac, étroits et hauts bâtiments à pans de bois sombre, sont encore bien présents ici et témoignent de l’importance passée de cette culture, aujourd’hui beaucoup moins pratiquée.
Langon, connexion de la Garonne à la terrasse
S’étirant des berges de la Garonne jusqu’à une altitude dépassant quarante mètres, la ville de Langon forme une interface urbaine directe entre le fleuve et la terrasse du Bazadais. Cette connexion rappelle le rôle historique de Langon qui a longtemps servi de port à Bazas avant de se développer en tant que pôle d’influence local, à la faveur de l’autoroute A62.
À cette élévation correspond une dédensification : le centre ancien très compact laisse la place à une urbanisation de plus en plus lâche, qui s’achève sur les hauteurs en zones d’activités.
Après avoir été le symbole de l’importance de la commune - notamment par le commerce du vin - le port est aujourd’hui inactif. Plate-forme de grande ampleur sur la rive de la Garonne, il dessine à présent un espace public généreux en espace, mais peu amène. Le rapport au fleuve crée ici une ambiance particulière méritant une valorisation.
Enjeux de protection/préservation
Les séchoirs à tabac : repérage et inscription dans les documents d’urbanisme des constructions patrimoniales, développement d’outils et de guides pour la rénovation/reconversion.
Le parcours de la RD224 sur le coteau : maintien des coupures d’urbanisation par la création de zones non constructibles, entretien soigné des abords de la route, aménagement de points de vue clefs de découverte des paysages.
Enjeux de valorisation/création
Les paysages des vallons : gestion des boisements, entretien des cours d’eau, création d’itinéraires de promenades piétons et cyclistes.
Le port de Langon : aménagement de l’espace public, valorisation du rôle historique du port.
Enjeux de réhabilitation/requalification
Les extensions bâties récentes (notamment dans les terres céréalières) : arrêt du développement épars ou linéaire des constructions, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.
L’urbanisation aux abords de Langon : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité.
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H2. Le Bazadais
Entre les vallées de la Garonne et du Ciron, le Bazadais s’étend jusqu’aux limites est du département. Si ce petit pays partage avec les Landes girondines le socle sableux qui fait leur particularité, il est parcouru par un plus grand nombre de cours d’eau, qui sculptent des reliefs plus riches et révèlent des sous-sols tertiaires variés. Ainsi, dans cette unité parallélépipédique d’environ vingt-cinq kilomètres par quinze, une occupation agricole et des boisements moins homogènes composent des paysages riches et complexes, habités de façon diffuse - à l’exception de Bazas, Grignols et Auros. En plus des routes N524, RD9 et RD10, l’autoroute A65 dessert également ce territoire.
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Les communes concernées par l'unité de paysage H2
- AILLAS
- AUBIAC
- AUROS
- BAZAS
- BERNOS-BEAULAC
- BERTHEZ
- BIRAC
- BRANNENS
- BROUQUEYRAN
- CAUVIGNAC
- CAZATS
- COIMERES
- COURS-LES-BAINS
- CUDOS
- FARGUES
- GAJAC
- GANS
- GRIGNOLS
- LABESCAU
- LADOS
- LANGON
- LAVAZAN
- LE NIZAN
- LIGNAN-DE-BAZAS
- MARIMBAULT
- MARIONS
- MASSEILLES
- MAZERES
- NOAILLAC
- POMPEJAC
- PONDAURAT
- ROAILLAN
- SAINT-COME
- SAUVIAC
- SAVIGNAC
- SENDETS
- SIGALENS
- SILLAS
Des paysages doucement vallonnés
Le Bazadais se distingue de la plaine sableuse des Landes, mais aussi de la terrasse qui le borde au nord : toutes deux présentent des reliefs plats, très peu accidentés. Au contraire, le Bazadais voit de multiples vallons sculpter son socle en paysages collinéens. Sans être abrupts, ces reliefs restent bien perceptibles lorsque l’on parcourt cette unité, se révélant notamment grâce au tracé souvent rectiligne des routes - annonciateur des longues voies landaises - qui soulignent le franchissement des vallons.
Des boisements variés dans les vallons
À l’ouest et au sud de l’unité, les pinèdes du massif landais s’avancent sur les hauteurs du coteau du Ciron, épaisse frange résineuse encadrant le Bazadais avant de laisser la place à une plus grande variété forestière. La majorité des vallons formant ce territoire voient en effet leurs versants couverts de boisements divers, constitués principalement de feuillus mais aussi de pins maritimes ou d’un mélange des deux.
Colonisant ainsi les coteaux, ces boisements accentuent la présence des vallons, délimitant de petits couloirs cultivés au bord des cours d’eau ou couvrant en galerie les routes qui les parcourent. Les lignes de crête sont aussi, parfois, soulignées par une pinède au sous-bois lumineux.
Cultures et pâtures complètent ces paysages
Traditionnellement, le Bazadais est une terre de polyculture et d’élevage : maïs, tabac, vigne, tomates étaient cultivées ici. Aujourd’hui, le maïs et les céréales se développent de plus en plus, tandis que la vigne et le tabac ne sont plus présents que de manière anecdotique, ce dernier ayant néanmoins laissé dans l’architecture des traces de son âge d’or : les anciens séchoirs à pans de bois sombres encore nombreux. Fauchées ou pâturées, les prairies restent bien présentes, au bord ou au-dessus des vallons. On peut néanmoins observer des débuts d’enfrichement et une tendance à la fermeture des paysages, notamment par les résineux.
Certaines larges surfaces cultivées ouvrent donc des horizons dégagés, mais d’autres restent bordées par les boisements : associés au relief, l’ensemble dessine une succession de paysages ouverts puis fermés, plus ou moins grands, sans qu’on puisse réellement parler de clairières. Cultures et prairies complètent ce tableau pour composer les paysages riches et variés du Bazadais, les pâtures étant par endroits gérées par les vaches grises de race "Bazadaise".
Un bâti dispersé et de qualité
À l’exception de Bazas et Grignols, l’occupation bâtie est très diffuse et assez homogène sur l’ensemble du territoire, principalement constituée de fermes et de petits hameaux isolés. Les routes principales, empruntant souvent les lignes de crête, concentrent tout de même une part importante du bâti, les carrefours voyant se développer des bourgs plus importants (Grignols, Auros).
Si l’architecture traditionnelle présente des bâtiments valorisants (fermes, églises romanes avec clochers-murs...), les constructions récentes sont souvent de moindre qualité, et cherchent rarement à s’inscrire dans le contexte local. Lorsqu’elles sont implantées au bord des routes, leur impact est très perceptible : clôtures, haies incongrues, tendent à banaliser fortement les paysages.
Bazas
Implantée sur un éperon, à la confluence du Beuve et du ruisseau du Saint-Vincent, Bazas occupe un site remarquable qui a contribué à en faire une ville fortifiée importante. Cette topographie complexe crée aujourd’hui dans la ville des situations urbaines riches, où les différences de niveau participent de la qualité de l’espace public. C’est le cas sur la grande place centrale, qui bénéficie de l’architecture de grande qualité des bâtiments qui l’entourent - notamment la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Bordée par des arcades couvertes, la place dessine un bel espace public, malheureusement investi principalement par du stationnement.
Si le centre ancien est construit en îlots denses, parcourus de ruelles étroites, ce n’est pas le cas de la périphérie : une fois franchie la limite des anciennes fortifications, les rues se dilatent, la densité du bâti se relâche, la cohésion architecturale diminue. Les quartiers extérieurs sont déconnectés du centre ancien : la ville s’est développée en quartiers pavillonnaires peu structurés, implantés principalement vers l’ouest, jusqu’à la RD932. Ces extensions n’offrent pas de continuité avec le vieux Bazas, et perturbent la lecture de l’implantation du bourg dans son site.
Enjeux de protection / préservation
L’architecture traditionnelle de qualité : repérage et inscription dans les documents d’urbanisme des constructions patrimoniales, développement d’outils et de guides pour la rénovation.
Les paysages d’espaces ouverts : maintien des prairies par pâturage, gestion attentive des lisières, dégagement du bord des routes pour valoriser ces paysages.
Enjeux de valorisation / création
Les abords de la A65 : anticipation du développement des zones d’activités, mise en place de structures paysagères d’accompagnement des bâtiments et stationnements.
Les bourgs et villages : gestion de la pression d’urbanisation liée à l’ouverture de l’A65 (recentrement à l’occasion des extensions).
Le site bâti de Bazas : mise en valeur, notamment par des circuits de circulations douces autour de la ville.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les extensions urbaines de Bazas : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité, revalorisation paysagère des entrées, liées notamment à l’A65.
La multiplication des peupleraies : limitation de la surface des boisements, gestion paysagère et écologique dans une démarche d’ensemble intercommunale.
Le bâti récent isolé : inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de structures végétales adaptées.