En avril dernier, Thomas participait à la première permanence de la caisse locale du Pays foyen de la Sécurité Sociale de l’Alimentation girondine (SSA). Habitant de Sainte-Foy-la-Grande, il a contribué pendant un an au prototypage de cette expérimentation pour un droit à l’alimentation durable. Thomas explique pourquoi une caisse commune de l’alimentation répond aux besoins de sa famille.
La précarité alimentaire touche 12 % de la population française et le contexte actuel risque d’aggraver cette situation d’insécurité. Elle constitue un enjeu de santé publique à la croisée des urgences sociales et écologiques. Le parcours de Thomas reflète les enjeux de l’action commune et participative qui prend le temps de se construire en Gironde aujourd’hui, préalable à ce qui pourrait se généraliser demain : la création d’une nouvelle branche de la Sécurité Sociale pour y intégrer l’alimentation. En faisant évoluer le système agricole et alimentaire actuel, la SSA propose de garantir une alimentation saine, durable et accessible à toutes et tous, de rémunérer décemment les paysans et répond aux défis de l’écologie solidaire.
ce que ça change
Thomas explique :
« En couple avec deux enfants de 6 et 10 ans, les courses alimentaires représentent plus d’un quart de nos revenus depuis l’inflation, entre 300 et 400 euros par mois ! Tous les 10 du mois, pourtant sans crédit ni véhicule, on est à découvert. 1 095 euros de RSA par mois ne suffisent pas quand on ajoute le loyer et les charges afférentes au logement. Alors on mange « pas cher », mal, on prend du poids… »
Sans condition de revenus ni de statut, après avoir cotisé selon ses moyens, Thomas recevra 75 euros pour le foyer et 75 euros par personne qui le compose c’est-à-dire 375 euros par mois pour lui, sa femme et ses enfants. Il utilisera cette somme dans les épiceries ou chez les producteurs locaux choisis, qui respectent la charte de conventionnement. Cette charte, élaborée par un groupe de citoyens dont Thomas fait partie, vise à soutenir les produits peu transformés, locaux et de saison.
Par engagement citoyen ou parce qu’ils en ont fondamentalement besoin, 400 habitants de Bordeaux Nord-La
Benauge, de Bègles, du Sud Gironde et du Pays foyen expérimentent ainsi une Sécurité Sociale de l’Alimentation, en 2024. Certains d’entre eux l’ont co-construite depuis début 2023, accompagnés par le collectif Acclimat’action et soutenus par le département de la Gironde et la Ville de Bordeaux.
Nourrir l’estime de soi
Son engagement local porte Thomas et lui donne du courage. Sa participation renforce sa capacité à agir dans une communauté de valeurs partagées.
Amélie, coordinatrice aux Râteleurs, contribue à faire vivre la Maison du Paysage et de l’Alimentation où ont
lieu les permanences de la caisse locale. Elle confirme la transformation sociale et environnementale qu’apporte l’histoire commune en train de s’écrire.
Quand l’estime de soi est amaigrie par les inquiétudes, une telle expérimentation vient la nourrir pour redonner sens et confiance en la vie.
Lire le portrait complet dans Ressources & territoires - ÉTÉ 2024