F. L'Entre-deux-Mers
Entre les vallées de la Garonne et de la Dordogne s’élève l’Entre-Deux-Mers. Ce large relief calcaire est parcouru de nombreux cours d’eau, qui l’ont sculpté en vallons et collines bosselées, plus ou moins découpés. Si ses coteaux dominent nettement les vallées qui le suivent, au nord comme au sud, il est lui-même surplombé par une longue dorsale boisée, courant d’ouest en est et marquant la séparation entre les bassins versants des deux fleuves. Couvert principalement de boisements et de vignes, l’Entre-Deux-Mers trouve sa diversité dans les vallons qui le parcourent, souvent pâturés ou cultivés, qui lui offrent une grande richesse paysagère.
Entre Garonne et Dordogne, les collines de l’Entre-Deux-Mers composent des paysages variés, formés de boisements, vignes et cultures, plus ou moins habités par un bâti dispersé. Si la vallée du Dropt, au sud-est, se démarque nettement de ce contexte collinéen, et délimite aussi les collines de la Réole, prémices du Lot-et-Garonne, les autres unités définies ici présentent des variations plus fines liées à la topographie et à l’occupation des sols. L’Entre-Deux-Mers nord est nettement dominé par la vigne ; le plateau peu accidenté de l’Entre-Deux-Mers de Sauveterre accueille forêts et viticultures ; l’Entre-Deux-Mers de Créon, plus vallonné, est marqué par les boisements ; les collines sud de l’Entre-Deux-Mers, découpées de vallons, accueillent un vignoble de qualité ; enfin, la campagne résidentielle de l’Entre-Deux-Mers apparaît, marquée par la pression urbaine de l’agglomération bordelaise toute proche. L’Entre-Deux-Mers dessine finalement sept unités de paysages :
F1. Les collines de La Réole
Bien délimitées par les vallées de la Garonne et du Dropt, les collines de La Réole s’inscrivent dans la continuité des Terreforts, paysages du Lot-et-Garonne voisin. Sur un territoire d’une vingtaine de kilomètres par dix environ, les nombreux vallons dessinent des reliefs collinéens assez vifs, plus marqués dans la partie sud. À l’exception de La Réole, ville fluviale importante implantée sur le débouché de deux vallons, cette unité reste peu habitée, et le maillage viaire est constitué de routes de desserte principalement locales. Les paysages y sont composés d’éléments variés : vignes, cultures, pâtures et boisements alternent selon les reliefs, tandis que les coteaux sud, surplombant la Garonne, présentent des milieux naturels calcaires riches.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F1
- BAGAS
- COURS-DE-MONSEGUR
- FOSSES-ET-BALEYSSAC
- GIRONDE-SUR-DROPT
- LA REOLE
- LAMOTHE-LANDERRON
- LES ESSEINTES
- LOUBENS
- MONGAUZY
- MONSEGUR
- MONTAGOUDIN
- ROQUEBRUNE
- SAINT-HILAIRE-DE-LA-NOAILLE
- SAINT-MICHEL-DE-LAPUJADE
- SAINT-SEVE
- SAINT-SULPICE-DE-GUILLERAGUES
- SAINT-VIVIEN-DE-MONSEGUR
- SAINTE-GEMME
- TAILLECAVAT
Un relief collinéen aux ondulations douces
Dans ce socle constitué de calcaire et de molasses, trois principaux cours d’eau et leurs affluents ont modelé de douces collines : l’Andouille et le ruisseau de Marquelot, qui rejoignent le Dropt, et le Médier, qui se jette dans la Garonne. Cette dernière a façonné sa rive droite en un coteau abrupt, générant des reliefs plus vifs et façonnant le rebord sud du pays des collines.
Cette succession de buttes, plus ou moins prononcées, permet d’ouvrir de larges perceptions depuis les crêtes : les paysages agricoles se révèlent dans leur variété, les vallées de la Garonne et du Dropt s’offrent aux regards depuis les hauteurs des coteaux.
Une richesse paysagère née de la variété des occupations du sol
Dans ce pays de collines aux sols variés (boulbènes, sols argilo-calcaires divers), les pratiques agricoles ne sont pas orientées vers une activité nettement prédominante : les cultures céréalières et les vignes ont une importance comparable dans la formation des paysages. Des vergers participent également de cette composition et préfigurent les Terreforts, dans le Lot-et-Garonne voisin. Enfin, si les prairies tendent plutôt à disparaître, quelques vallons présentent encore des fonds pâturés. Au final la diversité des cultures contribue à la richesse paysagère des collines.
Les crêtes restent, pour la plupart, dégagées de tout boisement et laissent ainsi passer le regard depuis les collines voisines ; mais de nombreux vallons se voient occupés par des bosquets de feuillus, implantés de façon plus ou moins continue. Ces bois sont très présents dans la partie centrale des collines, entre La Réole, Roquebrune et Saint-Vivien-de-Monségur, où ils dessinent des paysages un peu plus morcelés.
La structure végétale est également enrichie par des haies et arbres isolés, parfois hérités de bocages anciens, parfois établis ou plantés opportunément sur un accident du terrain (talus ou escarpement). Les ripisylves des ruisseaux, quant à elles, se voient souvent réduites par des labours qui s’étirent au plus près des berges.
Un riche patrimoine bâti rural
De nombreuses constructions anciennes parsèment les collines : grandes fermes isolées, petits bourgs groupés autour de leur église, demeures accompagnées de beaux arbres. Toujours habitées ou en activité, elles constituent un patrimoine de qualité et participent pleinement du charme de ces paysages.
Richesses et complexité de La Réole
La Réole bénéficie d’une position en promontoire à la fois facile à défendre et proche de la voie de communication majeure qu’est la Garonne, tout en restant à l’abri de ses crues. Si un monastère était présent dès le VIIIème siècle - étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pour les pèlerins franchissant ici le fleuve à gué - c’est avec la construction des fortifications à la fin du Xème siècle que la ville prend réellement son essor. Elle connaîtra une période de grande influence du XVIème au XVIIIème siècles, mais celle-ci s’affaiblira par la suite au profit de Bordeaux.
Implantée au débouché de deux vallons, la ville de La Réole domine le coteau de la Garonne, surplombant le fleuve d’une quarantaine de mètres. Ce socle confère à la ville une organisation complexe, les liaisons entre ces deux dépressions s’effectuant principalement par des passages et venelles, tandis que les routes principales suivent les thalwegs (RD1113, RD9). Dans le cœur dense du bourg, les flux de circulation de la RD1113 sont partagés sur deux voies à sens unique et né révèlent que très imparfaitement la richesse architecturale et paysagère de la ville, qui se dévoile plutôt aux piétons, hors des grands axes.
Le riche patrimoine de la ville - le Prieuré, le château des Quat’sos, l’église Saint-Pierre, l’ancien hôtel de ville... - peut se découvrir par des itinéraires piétons qui tirent parti des nombreuses ruelles inaccessibles aux véhicules motorisés. Les terrasses surplombant la Garonne au sud - dont certaines sont aménagées en jardin - offrent de larges vues sur la vallée.
Plus bas, le rapport de la ville au fleuve est fortement contrarié par les infrastructures : la voie ferrée forme une barrière importante - on ne peut la franchir qu’en deux ou trois endroits - doublée en contrebas par la RD9E1. De plus, la façade bâtie sur les quais, de grande qualité, n’est pas mise en valeur par l’aménagement des bords de Garonne, qui se résume à un immense parking partiellement orné de platanes sévèrement taillés.
Le tissu commerçant du centre-ville apparaît fragile, comme en témoignent les vitrines vieillissantes ou fermées. L’activité commerçante se voit en effet durement concurrencée par les zones d’activités périphériques. Toutefois des aménagements volontaristes et de qualité sont engagés pour contrecarrer la tendance et revitaliser le centre-ville : rénovation du lycée, maîtrise du stationnement de proximité,...
Une urbanisation récente limitée, mais bien visible
C’est principalement autour de La Réole que les pressions de l’urbanisation se font ressentir. Vastes lotissements à l’écart de la ville, zones d’activités proches de la RD1113 ou constructions pavillonnaires au fil de cette même route se développent et dessinent une image dégradée et banalisée des paysages lorsqu’on approche de la ville.
Dans l’arrière-pays, les constructions neuves s’implantent souvent à distance des bourgs existants, mais à proximité des routes, lesquelles s’implantent volontiers en crête : bien qu’elles ne soient pas en nombre excessif, elles sont donc très perceptibles, s’inscrivant rarement de façon harmonieuse dans le paysage alentour.
Enjeux de protection / préservation
Les prairies encore préservées : maintien de la gestion par pâturage, protection au titre des milieux naturels et de la biodiversité.
Les structures végétales : entretien et renouvellement des haies, enrichissement et prolongement des structures existantes.
Le patrimoine bâti rural : inventaire des constructions patrimoniales et repérage sur les documents d’urbanisme, entretien et restauration.
Enjeux de valorisation / création
Les quais de La Réole : aménagement d’espaces publics de qualité, diminution de la surface de stationnement, valorisation des cales, valorisation des façades urbaines et commerçantes,...
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les fonds de vallons labourés : développement de prairies aux abords des cours d’eau, plus favorables à la qualité des paysages et des milieux.
Les constructions récentes dans les collines : inscription dans les paysages alentour par la plantation d’espèces adaptées.
Les abords de La Réole : maîtrise de la construction à la périphérie, requalification des entrées de ville par la RD1113.
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F2. La vallée du Dropt
Le Dropt s’écoule sur une vingtaine de kilomètres en territoire girondin, avant de se jeter dans la Garonne à Caudrot. Au fil de ce parcours, il trace de nombreux petits méandres dans une vallée plate, délimitée de façon très nette par des versants pentus. Le lit majeur de la rivière dessine un paysage majoritairement céréalier, agrémenté de prairies pâturées et bien préservé de l’urbanisation. Celle-ci se concentre plutôt en pied de coteaux, au long des RD15, RD126 et RD668, Monségur formant le pôle principal, à proximité du département du Lot-et-Garonne.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F2
- BAGAS
- CAMIRAN
- CASSEUIL
- COURS-DE-MONSEGUR
- COUTURES
- DIEULIVOL
- GIRONDE-SUR-DROPT
- LANDERROUET-SUR-SEGUR
- LA REOLE
- LE PUY
- LES ESSEINTES
- LOUBENS
- MESTERRIEUX
- MONSEGUR
- MORIZES
- NEUFFONS
- ROQUEBRUNE
- SAINT-MARTIN-DE-LERM
- SAINT-SULPICE-DE-GUILLERAGUES
- SAINTE-GEMME
- TAILLECAVAT
Un fond de vallée très plat délimité par des coteaux peu abrupts
Le territoire de la vallée du Dropt apparaît très net : délimité par des coteaux doux et réguliers, s’élevant de 40 à 50 m au nord comme au sud, la vallée au fond très plat n’occupe guère plus d’un kilomètre de large. Au long des nombreux petits méandres de la rivière, seule une ripisylve très étroite subsiste : le plus souvent limitée à une simple rangée d’arbres sur chaque rive, elle suffit cependant à cacher totalement le Dropt aux regards.
Une prédominance nette des cultures céréalières
Ces terres alluvionnaires facilement cultivables, après avoir longtemps été exploitées en bocages, ont laissé la place à une agriculture céréalière plus intensive qui a dessiné des paysages très ouverts. Cette unité constitue d’ailleurs une exception notable dans l’Entre-Deux-Mers puisqu’elle est presque dépourvue de vignes - à l’exception des pentes les plus hautes de son coteau en rive gauche. Le lit majeur inondable étant par ailleurs faiblement construit, c’est un tableau très particulier qui s’offre ici au regard, principalement constitué de larges parcelles labourées.
Quelques pâtures et structures végétales complètent ces paysages
Bien que peu nombreuses, on trouve encore quelques pâtures dans cette vallée. Précieuses tant en termes de paysages que de milieux naturels, elles apportent une relative diversité dans ce "corridor céréalier" où les sillons s’étirent souvent jusqu’aux berges mêmes de la rivière et de ses affluents.
Haies, alignements et arbres isolés accompagnent parfois encore ces prairies, ou bien se maintiennent entre deux parcelles labourées. Le remembrement n’a cependant pas permis de préserver les réseaux que formait le bocage entre les divers habitats de la vallée.
Vergers et peupleraies, même s’ils restent peu nombreux dans la vallée, complètent ce tableau par deux modes très différents d’exploitation des arbres : si les premiers enrichissent les paysages de la vallée (et annoncent ceux du Lot-et-Garonne voisin), les peupliers peuvent tendre quant à eux à les banaliser et à occulter les vues s’ils s’étendent en grandes masses.
Un patrimoine bâti de qualité
Tout au long de la vallée, les constructions anciennes sont remarquablement présentes et souvent bien conservées. Trois types d’ensembles bâtis marquent le paysage : les moulins, les fermes et les bourgs. Les premiers étaient très nombreux sur le cours du Dropt, source d’énergie vitale, souvent fortifiés. Les fermes devaient se situer à proximité des champs, mais loin de la rivière, afin de minimiser les risques d’inondations ; on les trouve donc en pied de coteau, plus ou moins isolées les unes des autres, et parfois également fortifiées. Enfin, les bourgs sont implantés sur les hauteurs, afin de se prémunir des crues comme des attaques ; leurs silhouettes sont souvent valorisées par les beaux clochers-murs des églises.
Le site bâti de Monségur
Fondée par les anglais en 1265, sur un éperon étroit dressé entre la vallée du Dropt et un petit vallon parallèle, Monségur est l’une des huit bastides girondines. On retrouve dans son plan le schéma caractéristique des bastides, adapté à la morphologie du site : organisation orthonormée des rues autour d’une place du marché centrale carrée entourée d’arcades, église contigüe à la place, remparts entourant la ville ancienne en tirant parti du relief.
Autour de cet héritage bâti compact remarquable, les extensions récentes n’ont pas suivi de tels principes de composition. De nombreuses constructions individuelles se sont dispersées autour des axes routiers orientés vers le sud et l’est (RD16, RD230, RD668...), tandis que les équipements (comme le gymnase) ont été implantés dans la vallée.
Le petit vallon au sud de la vieille ville, assez escarpé, offre un paysage agréable et préservé, constitué notamment de pâtures et de parcelles potagères.
Enjeux de protection/préservation
Les prairies encore préservées : maintien de la gestion par pâturage et fauche, protection au titre des milieux naturels et de la biodiversité.
Les peupleraies dans la vallée : limitation de la surface des boisements, gestion paysagère et écologique dans une démarche d’ensemble intercommunale.
Enjeux de valorisation/création
Le patrimoine bâti : inventaire des constructions patrimoniales, développement d’itinéraires de découverte (piétons, cyclistes), entretien et restauration.
Les trames végétales dans la vallée : (re)plantation de haies et d’arbres d’alignements, mise en place de corridors biologiques en réseau.
Enjeux de réhabilitation/requalification
Les abords du Dropt : mise en place d’ouvertures dans la ripisylve, recul des parcelles cultivées et renaturation des berges, aménagement de sentiers piétons en bord de rivière.
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F3. L’Entre-Deux-Mers nord
S’étendant sur près de 55 km d’est en ouest, et une quinzaine du nord au sud, cette unité est la plus vaste de l’Entre-Deux-Mers, et son long coteau abrupt, échancré par de nombreux vallons, accompagne la Dordogne sur la majeure partie de son parcours girondin. Ces petits affluents sculptent le socle calcaire de l’Entre-Deux-Mers en un paysage collinéen dominé par la viticulture. À l’exception des bourgs de Pellegrue, Rauzan et Saint-Germain-du-Puch, l’urbanisation reste assez lâche ; peu de voies importantes desservent d’ailleurs cette unité : seules les RD20, RD936 et RD670 la traversent.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F3
- ARVEYRES
- AURIOLLES
- BAIGNEAUX
- BARON
- BELLEBAT
- BELLEFOND
- BEYCHAC-ET-CAILLAU
- BLASIMON
- BLESIGNAC
- BOSSUGAN
- BRANNE
- CABARA
- CADARSAC
- CAMARSAC
- CAMIAC-ET-SAINT-DENIS
- CAMIRAN
- CAPLONG
- CASTELMORON-D’ALBRET
- CAUMONT
- CAZAUGITAT
- CESSAC
- CLEYRAC
- COUBEYRAC
- COURPIAC
- COUTURES
- CROIGNON
- CURSAN
- DAIGNAC
- DARDENAC
- DIEULIVOL
- DOULEZON
- ESPIET
- EYNESSE
- FALEYRAS
- FLAUJAGUES
- FRONTENAC
- GENISSAC
- GENSAC
- GREZILLAC
- GUILLAC
- JUGAZAN
- JUILLAC
- LA ROQUILLE
- LA SAUVE
- LANDERROUAT
- LANDERROUET-SUR-SEGUR
- LE PUY
- LES LEVES-ET-THOUMEYRAGUES
- LIGUEUX
- LISTRAC-DE-DUREZE
- LUGAIGNAC
- LUGASSON
- MARGUERON
- MASSUGAS
- MAURIAC
- MERIGNAS
- MESTERRIEUX
- MOULIETS-ET-VILLEMARTIN
- MOULON
- NAUJAN-ET-POSTIAC
- NERIGEAN
- NEUFFONS
- PELLEGRUE
- PESSAC-SUR-DORDOGNE
- PINEUILH
- PUJOLS
- RAUZAN
- RIMONS
- RIOCAUD
- ROMAGNE
- RUCH
- SAINT-ANDRE-ET-APPELLES
- SAINT-ANTOINE-DU-QUEYRET
- SAINT-AUBIN-DE-BRANNE
- SAINT-AVIT-DE-SOULEGE
- SAINT-FERME
- SAINT-GERMAIN-DU-PUCH
- SAINT-HILAIRE-DU-BOIS
- SAINT-JEAN-DE-BLAIGNAC
- SAINT-LEON
- SAINT-MARTIN-DE-LERM
- SAINT-MARTIN-DU-PUY
- SAINT-PEY-DE-CASTETS
- SAINT-PHILIPPE-DU-SEIGNAL
- SAINT-QUENTIN-DE-BARON
- SAINT-QUENTIN-DE-CAPLONG
- SAINT-SULPICE-ET-CAMEYRAC
- SAINT-VINCENT-DE-PERTIGNAS
- SAINTE-FLORENCE
- SAINTE-RADEGONDE
- SAINTE-TERRE
- SALLEBOEUF
- SAUVETERRE-DE-GUYENNE
- SOUSSAC
- TARGON
- TIZAC-DE-CURTON
- VAYRES
Un sommet de plateau moins accidenté, mais des échancrures plus franches
Si les hauteurs du plateau, entre la dorsale et les entailles des vallons, offrent un paysage ondulé mais assez doux, moins accidenté qu’au sud-ouest de l’Entre-Deux-Mers, les affluents de la Dordogne ont formé de larges sillons aux fonds bien dégagés. L’Engranne, la Souloire, le Gestas et quelques autres ruisseaux dessinent ainsi des paysages particuliers, encaissés en contrebas des collines viticoles.
En sommet de plateau, à proximité de la ligne de partage des eaux entre Garonne et Dordogne, les paysages sont ainsi largement ouverts, tandis que les cours d’eau génèrent à leurs abords des ambiances plus intimes et fermées.
La prépondérance de la vigne
Les parcelles viticoles apparaissent très largement majoritaires dans cette partie de l’Entre-Deux-Mers, et cette quasi-monoculture se ressent clairement dans les paysages : au nord des boisements de la dorsale, les vues s’ouvrent sur de vastes étendues de vignes. Le soin apporté à ces cultures très dessinées - associé à la présence moindre, mais structurante et très qualitative, des arbres et boisements - constitue un véritable paysage-jardin, mis en valeur par les vallonnements doux du plateau.
Les châteaux et leurs domaines viticoles, s’ils ne sont pas omniprésents, en sont également une composante importante. Associés aux vastes exploitations viticoles, ils enrichissent le paysage par la qualité de leur architecture.
Aujourd’hui, l’exploitation de la vigne se fait aussi en partie par l’intermédiaire des coopératives, dont les installations imposantes marquent ponctuellement l’espace comme des repères. Tout comme les châteaux viticoles, elles traduisent par le bâti la vocation première de ces terres.
Les paysages plus composés des vallons
Presque exempts de viticulture, les vallons offrent un visage très différent : cultures et prairies se partagent les fonds tandis que les versants sont majoritairement boisés. Relief et végétation dessinent donc des paysages bien délimitées et plus composés. La présence bâtie est aussi très réduite, préservant ainsi ces sites précieux, plus intimes et plus "naturels", d’une urbanisation excessive.
Au sein de l’unité, les vallons représentent également des milieux naturels plus riches : trois d’entre eux sont d’ailleurs classés en ZNIEFF (les vallons de l’Engranne et de la Gamage en type II et celui du Gestas en type I). Enfin, on peut remarquer que cette prépondérance des boisements dans les vallons s’accroit vers l’est, à l’amont de la Dordogne.
Une croissance urbaine modérée, mais très consommatrice d’espace
Les occupations anciennes du territoire, héritées des peuplements gallo-romains et du développement des bastides (Pellegrue et Blasimon dans cette unité), ont légué un maillage bâti important mais assez lâche dans tout l’Entre-Deux-Mers. Cette structure se traduit aujourd’hui par de nombreuses extensions dispersées autour de ces implantations anciennes.
Si les constructions diffuses restent ici moins nombreuses que dans la campagne résidentielle de l’Entre-Deux-Mers (unité F7), à l’ouest, elles représentent néanmoins une surconsommation d’espace notable, due aux modèles périurbains adoptés.
Les pavillons isolés implantés au long des voies, ou les lotissements fermés qui se mettent volontairement à l’écart, ne permettent pas de constituer de structures villageoises ou de prévoir des développements à long terme. Dans ce pays où les vignes s’installent souvent jusqu’au pied des villages, créant des rencontres intéressantes entre l’agriculture et les espaces construits, de telles extensions remettent en cause un équilibre mis en place depuis des décennies, et appauvrissent à la fois l’espace des villages et les paysages.
Enjeux de protection/préservation
Le patrimoine bâti ancien : inventaire des constructions patrimoniales et repérage aux documents d’urbanisme, entretien et restauration.
Les structures végétales dans les vallons : entretien et renouvellement des haies, enrichissement et prolongement des structures existantes.
Enjeux de valorisation/création
L’espace public des villages : aménagement d’espaces de convivialité, création de liaisons piétonnes et cyclistes entre le centre et les extensions, confortement des centralités en promouvant un urbanisme de courtes distances.
Les contacts entre vigne et villages : maîtrise de la construction, aménagement de l’espace public, création de lisières urbaines plantées et offrant des circulations douces.
Enjeux de réhabilitation/requalification
Les extensions urbaines récentes : inscription dans les paysages alentour par la plantation d’espèces adaptées, mise en place de liaisons douces piétonnes et cyclistes vers les centres-bourgs.
L’enfrichement des vallons : gestion des friches par les pâtures et la fauche.
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F4. L’Entre-Deux-Mers de Sauveterre
Localisé au cœur de l’Entre-Deux-Mers, limité au nord par la dorsale boisée, l’Entre-Deux-Mers de Sauveterre couvre environ vingt kilomètres par quinze. Situé à la naissance de plusieurs vallons, il n’est pas marqué par des reliefs importants, et constitue un plateau doucement ondulé, principalement dédié à la viticulture. Targon, sur l’itinéraire de la route RD11, et Sauveterre-de-Guyenne, au croisement des RD670, RD671 et RD672, forment les deux communes principales, autour desquelles l’habitat reste assez peu dense, réparti de façon lâche sur le maillage des nombreuses petites voies.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F4
- BAIGNEAUX
- BELLEBAT
- BLASIMON
- CAMIRAN
- CASTELVIEL
- CAUMONT
- CAZAUGITAT
- CLEYRAC
- COIRAC
- DAUBEZE
- ESCOUSSANS
- FALEYRAS
- FRONTENAC
- GORNAC
- LADAUX
- MARTRES
- MAURIAC
- MONTIGNAC
- MORIZES
- MOURENS
- PORTE-DE-BENAUGE
- SAINT-ANDRE-DU-BOIS
- SAINT-BRICE
- SAINT-EXUPERY
- SAINT-FELIX-DE-FONCAUDE
- SAINT-GENIS-DU-BOIS
- SAINT-GERMAIN-DE-GRAVE
- SAINT-HILAIRE-DU-BOIS
- SAINT-LAURENT-DU-BOIS
- SAINT-LAURENT-DU-PLAN
- SAINT-MARTIAL
- SAINT-MARTIN-DE-LERM
- SAINT-MARTIN-DU-PUY
- SAINT-PIERRE-DE-BAT
- SAINT-SULPICE-DE-POMMIERS
- SAINTE-FOY-LA-LONGUE
- SAUVETERRE-DE-GUYENNE
- SOULIGNAC
- TARGON
Une topographie plus douce en sommet de plateau
Entre le rebord sud du plateau et sa dorsale centrale, l’Entre-Deux-Mers de Sauveterre présente des reliefs très adoucis : les ruisseaux s’y glissent sans creuser de lits profonds, mais déploient des coteaux étendus et doucement pentus. Le paysage y prend une large ampleur et les vues sont très ouvertes. Dans ce territoire tout en horizontales, les moindres reliefs ou excroissances prennent de l’importance, et quelques villages sur leurs promontoires deviennent des repères visuels valorisants (Escoussans, Castelviel).
Un peuplement ancien
Si beaucoup de villages sont hérités des implantations gallo-romaines et médiévales, la bastide de Sauveterre-de-Guyenne, autour de laquelle l’urbanisation a continué à se développer, est le témoignage le plus évident de l’occupation ancienne du territoire. Fondée à la fin du XIIIème siècle, elle représente la volonté forte d’aménagement territorial de l’époque. Tout comme Pellegrue, Créon ou Blasimon, cette ville nouvelle fondée par les anglais en 1281 a permis l’installation d’une population importante et la mise en culture des terres alentour ; par la mise en place de marchés et de foires, elle assurait également le développement économique. Son rôle dans la constitution des paysages voisins est donc évident. Aujourd’hui, les centres de ces bastides voient leur activité fragilisée, du fait des zones commerciales qui se développent à la périphérie.
Des cultures composées selon le relief
L’occupation du sol est ici assez équilibrée, principalement entre vignes et boisements, mais avec des adaptations au relief. Sur les parties les plus planes, les vignes deviennent largement majoritaires, occupant une grande partie des larges horizons. La pression urbaine ne se fait pas sentir ; les châteaux forment des éléments marquants qui occupent avantageusement ces vastes espaces, par ailleurs très uniformes. Les boisements, présents en arrière-plan, surplombent la dorsale et occupent l’horizon.
Sur les buttes et versants, l’organisation se fait par niveaux : les boisements couronnent les sommets, les coteaux sont cultivés en vignes et les fonds de vallons restent dédiés à la pâture et à la céréaliculture. La prédominance du vignoble s’estompe, les arbres reprennent un rôle majeur dans la constitution des paysages, qui deviennent plus composés, offrant des ambiances plus riches et plus diversifiées.
Enjeux de protection / préservation
Le patrimoine bâti ancien : inventaire des constructions patrimoniales et inscription aux documents d’urbanisme, entretien et restauration.
Les structures végétales existantes : entretien et renouvellement des haies, enrichissement et prolongement des structures existantes.
Enjeux de valorisation / création
Les centres-bourgs : création ou confortement à l’occasion des extensions d’urbanisation.
Les contacts entre urbanisation et agriculture : maîtrise de la construction, aménagement de l’espace public, création de lisières urbaines plantées et accueillant des circulations douces.
Les espaces publics de Sauveterre-de-Guyenne : mise en valeur du patrimoine, réaménagement au bénéfice du piéton et des modes de déplacements doux.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les abords des cours d’eau : implantation de prairies pâturées à proximité des berges, gestion de la ripisylve.
Les extensions urbaines récentes : inscription dans les paysages alentour par la plantation d’espèces adaptées, mise en place de liaisons douces piétonnes et cyclistes vers les centres-bourgs.
L’urbanisation autour de Sauveterre-de-Guyenne et ses entrées de bourg : arrêt de l’extension linéaire du bâti et des zones commerciales, aménagement plus urbain des bords de route.
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F5. L’Entre-Deux-Mers de Créon
Tandis que Garonne et Dordogne se rapprochent l’une de l’autre, le territoire de l’Entre-Deux-Mers se resserre et les reliefs s’accentuent : les vallons, étroits et escarpés, dessinent dans cette unité un paysage plus accidenté, aux crêtes plus franches. Les boisements s’implantent principalement dans les thalwegs, tandis que viticulture et urbanisation se partagent les hauteurs. A proximité de l’agglomération bordelaise, la pression foncière se fait sentir : Créon et Sadirac se situent dans des paysages marqués par une présence notable du bâti, notamment sur le parcours de la RD671.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F5
- BARON
- BONNETAN
- CAMARSAC
- CAMBLANES-ET-MEYNAC
- CAMIAC-ET-SAINT-DENIS
- CAPIAN
- CARDAN
- CARIGNAN-DE-BORDEAUX
- CENAC
- CREON
- CROIGNON
- CURSAN
- DONZAC
- ESCOUSSANS
- FARGUES-SAINT-HILAIRE
- HAUX
- LA SAUVE
- LANGOIRAN
- LAROQUE
- LATRESNE
- LE POUT
- LIGNAN-DE-BORDEAUX
- LOUPES
- MADIRAC
- MOURENS
- PORTE-DE-BENAUGE
- OMET
- RIONS
- SADIRAC
- SAINT-CAPRAIS-DE-BORDEAUX
- SAINT-GENES-DE-LOMBAUD
- SAINT-LEON
- SALLEBOEUF
- SOULIGNAC
- TABANAC
- TARGON
- VILLENAVE-DE-RIONS
Un socle remodelé qui apporte une grande richesse topographique
Hérité des dépôts calcaires du Tertiaire, le large ’plateau’ de l’Entre-Deux-Mers a été fortement remodelé depuis. Des mouvements souterrains ont bosselé sa surface, tandis que des graves la recouvraient par nappes et que des cours d’eau y creusaient des vallons. Aujourd’hui, ce socle est parcouru de longues entailles là où ces affluents rejoignent la Garonne, tandis qu’une haute dorsale boisée le surplombe, soulignant d’ouest en est la ligne de partage des eaux et marquant la limite nord de l’unité. Ces caractéristiques topographiques apportent une richesse certaine aux paysages de l’Entre-Deux-Mers de Créon.
Des reliefs plus marqués et soulignés par les boisements
Cette partie sud-ouest de l’Entre-Deux-Mers présente un relief assez accidenté, découpé par les vallées de l’Euille, de la Pimpine et de leurs affluents. Les vallons sont ici plus encaissés que dans l’Entre-Deux-Mers de Sauveterre et plus étroits que dans l’Entre-Deux-Mers nord ; les collines s’arrondissent également. De plus, bien que les surfaces plantées de vigne soient à peu près équivalentes aux surfaces boisées, les forêts prennent beaucoup plus d’importance dans les paysages : installées principalement en fond de vallons - mais aussi plus rarement sur les coteaux et aux sommets des buttes - elles participent de la composition du paysage, se prolongeant par des haies arborées et des bosquets. Cette répartition s’explique aussi par la pédologie : on trouve ici des sols lessivés, où se mêlent argiles et sables, moins favorables à la vigne.
L’abbaye de la Sauve Majeure
L’abbaye de la Sauve Majeure, fondée en 1079 et implantée à mi-chemin entre la Garonne et la Dordogne, tire son nom de la ’Silva Major’, la forêt qui occupait ces terres avant le défrichage. Son positionnement sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en fait un lieu d’étape et un point de départ régional du pèlerinage, lui permettant de prospérer rapidement : elle est agrandie dès le XIIème siècle. Rapidement devenue l’une des abbayes les plus importantes du sud-ouest, elle rivalise avec Bordeaux en richesse et en influence, et totalise une cinquantaine de prieurés, répartis jusqu’en Angleterre.Cette opulence suscite de nombreux pillages, auxquels s’ajoutent les dégâts de la Guerre de Cent Ans : au XVIème siècle, de grands travaux de restauration et de fortification sont entrepris.
Mais l’abbaye est déjà sur le déclin, et voit son influence décroître. Ses biens lui seront confisqués après la révolution, et les bâtiments utilisés comme prison. Les voûtes s’effondrent au début du XIXème siècle, et les ruines font alors office de carrière pour la construction du village. Malgré cela, le bâtiment récupéré par l’Etat en 1960 offre aujourd’hui encore un témoignage exceptionnel de l’art roman du XIIème siècle. La tour-clocher, le chevet, le chœur en ruine et ses chapiteaux sculptés, ont justifié un classement en tant que monument historique dès 1840, étendu depuis aux terrains alentour. De plus, l’abbaye est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
La bastide de Créon
Au début du XIVe, Edouard II, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, voit son influence directement concurrencée en Entre-Deux-Mers par l’abbaye de la Sauve Majeure, qui concentre les commerces et la population tandis que lui ne possède pas de ville dans les environs. C’est pour pallier à cette situation qu’est fondée la bastide de Créon en 1315, au croisement des routes Bordeaux-Sauveterre et Libourne-Cadillac, afin d’affirmer la puissance politique et économique du duc.
Créon suit l’organisation traditionnelle des bastides : les rues se croisent à angle droit, dessinant un plan orthonormé organisé autour d’une large place centrale. A proximité de celle-ci, dans le prolongement de l’angle sud, se dresse l’église, première cause de friction avec l’abbaye qui refuse d’abord que Créon devienne une paroisse autonome. C’est sur le plan commercial que s’exerce ensuite la concurrence : un marché hebdomadaire et des foires régulières sont organisés à Créon, qui gagne progressivement en influence. La ville devient d’ailleurs le siège de la Grande Prévôté Royale de l’Entre-deux-Mers jusqu’à la révolution.
Aujourd’hui chef-lieu de canton, Créon ne dispose plus de l’influence économique et politique qu’elle a exercée dans le passé. La ville se tourne aujourd’hui résolument vers le tourisme : la reconversion récente d’anciennes voies ferrées en pistes cyclables, et l’implantation d’un point relais vélo, en ont fait une commune pilote en matière de cyclotourisme, proposant des circuits accessibles de découverte des paysages de l’Entre-Deux-Mers.
Une pression foncière notable qui transforme les paysages
Situé directement à l’est de la campagne résidentielle, l’Entre-Deux-Mers de Créon subit une influence certaine de l’agglomération bordelaise. Les quartiers de développement récent y sont nombreux, principalement sous la forme d’urbanisation linéaire et de lotissements pavillonnaires. Cette tendance présente un risque d’uniformisation des paysages à l’échelle de l’unité : la construction au long des voies et le mitage réduisent fortement les coupures d’urbanisation, créant presque des continuités bâties entre certains villages (la RD115 entre Créon et Sadirac par exemple). Quelques vallons sont colonisés par les constructions qui s’y installent (La Sauve, Sadirac...).
Ces phénomènes sont particulièrement notables aux abords de Créon : autour des limites anciennes de la bastide se multiplient les quartiers pavillonnaires en cul-de-sac. Cette urbanisation lâche banalise les paysages à proximité de la bastide, dévalorisant l’héritage architectural et urbain du bourg ancien. De même, la zone commerciale La Ferrière, située à l’est sur la RD671, dessine une entrée de ville médiocre.
Enjeux de protection / préservation
Le patrimoine bâti : inventaire des constructions patrimoniales, entretien et restauration.
Les structures végétales anciennes : entretien et renouvellement des haies, enrichissement et prolongement des structures existantes.
Enjeux de valorisation / création
Les espaces publics des villages : aménagement au bénéfice du piéton, mise en place d’espaces de convivialité, création de liaisons piétonnes et cyclistes entre le centre et les extensions....
Enjeux de réhabilitation/requalification
Les abords de Créon : maîtrise du développement urbain, densification des extensions existantes, requalification des entrées de ville.
Les extensions récentes : inscription dans les paysages alentour par la plantation d’espèces adaptées, mise en place de liaisons douces piétonnes et cyclistes vers les centres-bourgs.
L’enfrichement des vallons : gestion des friches par le pâturage et les prairies de fauche....
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F6. Les collines sud de l’Entre-Deux-Mers
À l’interface entre le plateau et la vallée de la Garonne, les collines sud de l’Entre-Deux-Mers s’étirent au long du fleuve sur une quarantaine de kilomètres, unité étroite et accidentée où le relief organise la diversité des paysages. Ainsi l’urbanisation est plus marquée au bas des coteaux, les versants abrupts sont souvent couverts de boisements, les vignes dominent sur les hauteurs. De très nombreux vallons, plus ou moins creusés, découpent le coteau de Garonne en contraignant fortement l’occupation de ces collines. Si la partie amont reste de ce fait peu habitée, la densité augmente fortement vers le nord, avec la proximité de l’agglomération bordelaise, jusqu’à Camblanes-et-Meynac.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F6
- BAURECH
- BEGUEY
- CADILLAC
- CAMBES
- CAMBLANES-ET-MEYNAC
- CAPIAN
- CARDAN
- CASSEUIL
- CAUDROT
- CENAC
- DONZAC
- GABARNAC
- GIRONDE-SUR-DROPT
- HAUX
- ISLE-SAINT-GEORGES
- LANGOIRAN
- LAROQUE
- LATRESNE
- LE PIAN-SUR-GARONNE
- LE TOURNE
- LESTIAC-SUR-GARONNE
- LOUPIAC
- MONPRIMBLANC
- MORIZES
- MOURENS
- OMET
- PAILLET
- QUINSAC
- RIONS
- SAINT-ANDRE-DU-BOIS
- SAINT-CAPRAIS-DE-BORDEAUX
- SAINT-GENES-DE-LOMBAUD
- SAINT-GERMAIN-DE-GRAVE
- SAINT-MAIXANT
- SAINT-MARTIN-DE-SESCAS
- SAINT-PIERRE-D’AURILLAC
- SAINTE-CROIX-DU-MONT
- SAINTE-FOY-LA-LONGUE
- SEMENS
- TABANAC
- VERDELAIS
- VILLENAVE-DE-RIONS
Un relief vivement mouvementé surplombant la vallée
Le coteau escarpé longeant la Garonne de Casseuil à Camblanes-et-Meynac forme les collines les plus marquées de l’Entre-Deux-Mers, avec des buttes dépassant régulièrement les cent mètres d’altitude (tandis que la vallée se situe entre 5 et 15 m). Les nombreux affluents de la Garonne, même modestes en taille ou en débit, ont engendré ces paysages très accidentés en creusant leurs vallons : la Pimpine, le ruisseau de Moulineau, le Grand Estey, l’Artolie, les ruisseaux de l’Euille, du Chay, de Siron, le Galouche, le Beaupommé...
Cette alternance de hauteurs et de fonds dessine un paysage amplement ondulé, où les crêtes révèlent des points de vue privilégiés. La vallée de la Garonne s’offre ainsi au regard dans toute sa largeur vers le sud-ouest, ourlée par l’horizon sombre du massif boisé des Landes girondines.
Des paysages dominés par la viticulture
Plus que dans l’Entre-Deux-Mers de Créon ou de Sauveterre, la vigne domine ici le paysage, accompagnée de quelques boisements et d’une urbanisation éparse. Bénéficiant de conditions particulièrement favorables, notamment grâce à l’exposition au sud et à des sols bien drainants, les vignes produisent ici des vins de qualité, depuis les Côtes de Bordeaux-Saint-Macaire à l’est jusqu’aux Premières Côtes de Bordeaux au nord-ouest, en passant par quelques appellations plus localisées mais non moins fameuses autour de Loupiac et Sainte-Croix-du-Mont.
Sur les pentes ondulées des collines, la vigne offre des horizons très ouverts qui donnent à voir les autres éléments constitutifs du paysage. Les arbres qui parsèment le vignoble jouent un rôle important dans la composition d’ensemble : qu’ils se dressent isolés au cœur de la vigne ou qu’ils forment de hautes haies sur les talus séparant les parcelles, ils complexifient et enrichissent l’image offerte par les alignements de règes, signalant quelques axes structurantes ou apportant des repères dans l’étendue viticole.
Les châteaux viticoles s’associent également étroitement à la vigne pour composer des ensembles cohérents : bâtiments et cultures se complètent autant en termes de production que de paysage.
L’importance des boisements
Si le coteau de la Garonne reste préservé de l’enfrichement car dédié avant tout à la viticulture, les boisements trouvent leur place dans l’intérieur des collines, au sein des nombreux petits vallons qui festonnent le paysage. Composés d’essences majoritairement feuillues, comme dans l’ensemble de l’Entre-Deux-Mers, ils participent d’un paysage composé par niveaux en se concentrant dans les fonds de vallons et sur les versants.
Bien que moins nombreux, les boisements en crête prennent facilement une grande importance dans le paysage perçu : coiffant les buttes ou surplombant les villages, ils annoncent la dorsale et les horizons plus boisés du cœur de l’Entre-Deux-Mers.
Une urbanisation sans grandes qualités
Bien que ce territoire ait hérité d’un patrimoine bâti de qualité, constitué notamment de petits bourgs et de châteaux viticoles, celui-ci n’est souvent pas pris en compte par les opérations d’urbanisation plus récentes, qui tendent à dévaloriser ces paysages.
L’implantation des nouvelles constructions est la première cause de cette dégradation : depuis les bourgs, souvent bien constitués et groupés autour de leur église, les extensions se dispersent en oubliant ces centralités. Ce faisant, les constructions éparses entraînent un mitage important des paysages, dont l’impact est aggravé par la grande ouverture visuelle offerte par les vignes, évoquée précédemment. Les implantations sur les crêtes, très perceptibles, amplifient encore ces effets.
Enjeux de protection/préservation
Les vues vers la Garonne : aménagement de points de vue, mise en place d’accès piétons ou cyclistes.
Les haies et arbres isolés : entretien et renouvellement des structures existantes, enrichissement et prolongement du maillage végétal.
Le patrimoine bâti : inventaire, repérage aux documents d’urbanisme et protection des bâtiments patrimoniaux.
Enjeux de valorisation/création
Le traitement des bords de routes : mise en place d’accotements et fossés enherbés, gestion des abords directs des routes (pancartes publicitaires, panneaux de circulation...), traitement sobre et patrimonial.
Les centralités villageoises : densification autour des cœurs de bourgs, constitution d’extensions en continuité avec l’existant, promotion d’un urbanisme des courtes distances.
Enjeux de réhabilitation/requalification
L’espace public des villages : aménagement d’espaces de convivialité, création de liaisons piétonnes et cyclistes entre le centre et les extensions.
Les extensions urbaines récentes : inscription dans le paysage par la constitution de lisières urbaines plantées.
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F7. La campagne résidentielle de l’Entre-Deux-Mers
Directement au contact de l’agglomération bordelaise, une partie de l’Entre-Deux-Mers subit de manière forte les pressions urbaines, au-delà des limites que forment l’autoroute A10 et la N230. Comprise entre le cœur de l’Entre-Deux-Mers et le Bec d’Ambès, un paysage particulier de ’campagne résidentielle’ a ainsi pris forme, depuis les coteaux de la Garonne au sud de Floirac, jusqu’au niveau de la Dordogne, en suivant une légère déclivité vers le nord. Elle s’étend entre Saint-Loubès, Artigues-près-Bordeaux, Salleboeuf, et Latresne, occupant une surface d’environ 10km d’est en ouest pour un peu moins de 20 du nord au sud.
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Les communes concernées par l'unité de paysage F7
- AMBARES-ET-LAGRAVE
- ARTIGUES-PRES-BORDEAUX
- BEYCHAC-ET-CAILLAU
- BONNETAN
- BOULIAC
- CARIGNAN-DE-BORDEAUX
- CENAC
- FARGUES-SAINT-HILAIRE
- FLOIRAC
- LATRESNE
- LORMONT
- MONTUSSAN
- POMPIGNAC
- SAINT-LOUBES
- SAINT-SULPICE-ET-CAMEYRAC
- SAINTE-EULALIE
- SALLEBOEUF
- TRESSES
- YVRAC
Un héritage de qualité grâce aux vallonnements et à une agriculture variée
Situé presque à la pointe de l’Entre-Deux-Mers, ce territoire est découpé en légers vallonnements par quelques cours d’eau s’écoulant soit vers la Dordogne au nord (la Laurence), soit vers la Garonne à l’ouest et au sud (le Gua, la Pimpine). Sur ce terrain alternent des parcelles de vignes, de bois, de pâtures et de cultures (moins nombreuses), créant un ensemble composite assez équilibré, qui, associé au relief collinéen, contribue à la qualité du paysage et à son attractivité. Les boisements et les arbres isolés, très présents, marquent fortement ce paysage ; ils occupent notamment une grande partie des versants, tandis que les fonds de vallons laissent place à des pâtures. La vigne n’est pas majoritaire, mais elle affirme déjà clairement sa présence, préfigurant le cœur de l’Entre-Deux-Mers. Les vallons principalement boisés créent un réseau précieux pour le développement d’une trame verte et bleue, qui peut jouer ici un rôle essentiel étant donnée la proximité de l’agglomération bordelaise.
Une occupation humaine dispersée, très exposée aux pressions de l’agglomération
Les implantations d’origine des villages ont développé peu de centres denses : si quelques bâtiments sont parfois regroupés autour de l’église, celle-ci reste le plus souvent isolée, les fermes étant dispersées aux alentours, au plus près des terres exploitées. Il n’y a donc pas de réelle mitoyenneté du bâti ancien, pas de villages clairement dessinés marquant fortement leur territoire.
Une urbanisation extensive due à la proximité de l’agglomération bordelaise
La pression foncière exercée par l’agglomération bordelaise a pour conséquence directe un développement périurbain rapide et peu maîtrisé. De très nombreuses opérations immobilières prennent possession des paysages sans prise en compte des contraintes du terrain ou du contexte paysager et sans projet global. Les lotissements pavillonnaires sont le mode principal de construction : implantés autour des villages et au long des routes, desservis par des voies en raquette ou en cul-de-sac, ils se suivent et se ressemblent d’une commune à une autre.
Le plus souvent, ces opérations menées selon les opportunités foncières n’offrent pas de connexions réelles avec le tissu existant : elles disposent uniquement d’un accès automobile et tournent le dos aux parcelles mitoyennes (que celles-ci soient bâties ou encore agricoles). La voiture devient alors le moyen de déplacement privilégié ; cet urbanisme sans espace public n’est pas conçu pour le piéton. Au long des rues qui relient villages et extensions, les aménagements, très routiers, n’invitent pas non plus à une pratique piétonne.Quelques exemples récents se détachent cependant de ce modèle dominant : il arrive que des espaces collectifs soient proposés au cœur de ces quartiers nouveaux, que des cheminements permettent aux promeneurs de rejoindre le village. On peut observer de telles tentatives dans la résidence Bétailhe, à Artigues-près-Bordeaux, par exemple.
Une proximité entre urbanisation et campagne source de confrontations et d’opportunités
Ces extensions urbaines récentes, souvent réalisées sans prise en compte du contexte, se juxtaposent aux espaces ruraux sans traitement particulier de l’espace public ou des limites. Une route, une clôture, marquent en général cette rencontre, quand une barrière ne la masque pas totalement. Les conséquences de cette absence de limite claire et dessinée sont nombreuses :
- l’implantation de pavillons dont l’architecture est totalement décontextualisée entraîne une banalisation des paysages qui les bordent ;
- sans bornes précises, la croissance de ces villages va se poursuivre sur les terres agricoles encore en place, réduisant de nouveau les coupures d’urbanisation et espaces de respiration ;
- les fronts bâtis prennent une grande importance visuelle dans les paysages et les dénaturent.
La proximité de ces espaces ruraux représente pourtant une opportunité importante pour les communes si elle est prise en compte dans leur développement. Ainsi, certains quartiers récents ont conservé et intégré des structures végétales existantes : les arbres déjà développés apportent une certaine qualité à ces extensions, participant de leur organisation et de leur image. Dans d’autres cas, des espaces de nature sont aménagés pour l’accès des riverains : parcelle forestière en cœur de village maintenue ouverte (Artigues-près-Bordeaux), parcours VTT dans un boisement (Pompignac)... En leur conférant ainsi une vocation d’espaces publics, ces lieux sont protégés et améliorent le cadre de vie.
Enjeux de protection / préservation
Les espaces agricoles intra-urbains (qualité des espaces collectifs) et périurbains (coupures d’urbanisation) : protection, mise en réseau, encouragement au développement d’une agriculture de proximité (vente directe, circuits courts...).
Les structures arborées anciennes : identification, repérage aux PLU, encouragement à la gestion et au renouvellement.
Quelques châteaux, encore isolés dans l’espace rural : identification, repérage aux PLU, préservation des abords.
Les vallons non-construits : identification, repérage aux PLU, mise en réseau et protection au sein d’une trame ’verte et bleue’.
Les points de vue : repérage et protection des sites clefs dans les documents d’urbanisme.
Enjeux de valorisation / création
Les centres bourgs : à structurer et à créer à l’occasion des extensions (densifications, volumes bâtis plus conséquents, petits collectifs, espaces publics privilégiant les circulations douces, services et commerces de proximité).
Les espaces de nature : ouverture aux habitants et valorisation afin d’assurer leur protection : identification, repérage aux PLU, itinéraires piétons et cyclistes.
Les points de rencontre urbanisation / agriculture : valorisation de l’espace public, définition claire des limites d’extension.
Les vallées de la Pimpine et de la Laurence : les affirmer comme limites à la campagne résidentielle, notamment dans les documents d’urbanisme ; éviter les extensions importantes à l’est.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les espaces publics des bourgs - trop dilatés ou suraménagés : réduction des surfaces minéralisées, abandon du vocabulaire et des équipements à caractère routier, choix de la sobriété, appel à des professionnels concepteurs (paysagistes, architectes...).
Les espaces publics des lotissements et leurs connexions : développement de vrais espaces de rencontre, mise en place de connexions pour ces quartiers, entre eux et vers les centres bourgs (liaisons douces en complément des dessertes automobiles).
Les routes en traversée de villages : aménagement de ces tronçons (ambiance urbaine et non routière, développement de l’espace public).
Les espaces déjà mités par une urbanisation diffuse : diagnostic approfondi pour déterminer leur vocation, soit vers plus d’urbanité (structuration urbaine progressive), soit vers une meilleure inscription dans le paysage rural (protection des espaces non construits alentour, plantation avec palette végétale rurale, connexions aux espaces de nature et aux centralités constituées par circulations douces, amélioration de la qualité des clôtures...)