D. Les franges boisées du nord
Au nord-est du département, les grands massifs boisés limitrophes soulignent leur présence par des incursions plus ou moins marquées au sein du vignoble girondin. Les forêts du Landais et de la Double occupent ainsi les sols lessivés des hauteurs, divisées en unités plus réduites par les vallées de l’Isle et de la Dronne, aux fonds plats très cultivés et urbanisés. Paysages de transition, ces boisements se densifient vers l’extérieur du département et prennent le pas sur la vigne. Quelques ambiances de clairières se révèlent au cœur de ces franges : viticoles, pâturées ou parfois enfrichées, elles éclaircissent le couvert et participent d’une composition plus fine des forêts.
Au long de la limite nord du département, l’influence des pays voisins se fait nettement sentir, notamment par une forte présence boisée, et dessine des unités qui forment les amorces de ces ensembles plus vastes. Divers massifs forestiers s’immiscent ainsi sur les collines girondines : le Landais, la Double, la Double Saintongeaise ; ce sont les vallées de l’Isle et de la Dronne qui les séparent ici en entités distinctes ; tandis que les prémices des coteaux charentais, couverts de vignes, dessinent la transition entre Côtes de Blaye et Pineau dans la région voisine de Poitou-Charentes. Cinq unités apparaissent ainsi sur les franges nord :
D1. Les portes du Landais
Entre les domaines viticoles de Saint-Emilion et la vallée de l’Isle, le massif du Landais laisse croître ses derniers bosquets sur un triangle d’à peine huit kilomètres sur cinq : du vaste ensemble forestier périgourdin, on ne perçoit en Gironde qu’une extrémité. Sur ces collines vallonnées, à la rencontre de deux pays, vignes et boisements se mêlent en une alternance d’espaces ouverts et fermés, composant un paysage de transition qui ne cédera vraiment la place à la forêt qu’à l’est de Villefranche-de-Lonchat, en Dordogne. Puynormand, desservi par la RD121, est le bourg principal de l’unité.
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Les communes concernées par l'unité de paysage D1
- FRANCS
- GOURS
- PETIT-PALAIS-ET-CORNEMPS
- PUISSEGUIN
- PUYNORMAND
- SAINT-CIBARD
- SAINT-SAUVEUR-DE-PUYNORMAND
- SAINT-SEURIN-SUR-L’ISLE
- TAYAC
Un paysage composé par les boisements et reliefs
Directement en contact avec les paysages du plateau de Saint-Emilion, cette unité s’en distingue au premier regard par la présence arborée, qui prend très vite le dessus sur la vigne. Bien que le couvert boisé ne soit pas continu, les paysages se referment : les pins marquent l’horizon sur les crêtes des collines, les feuillus forment des couverts denses autour des cultures. Les sous-sols sableux, qui rappellent la pédologie au sud-ouest du département, expliquent la présence importante du pin.
Le territoire s’organise en clairières de taille moyenne, toujours bien cernées par des lisières mixtes opaques, et le relief assez accidenté apporte une certaine variété dans ces configurations. Trois vallons principaux convergent vers l’ouest (ruisseau de la Chapelle, ruisseau Feuillant, ruisseau du Palais), et les boisements s’implantent soit en crête, soit en fond, créant des percées aux visages variés.
UNE VITICULTURE MOINS DOMINANTE ET UNE AGRICULTURE EN BERNE
Au sein de ces espaces ouverts, la vigne reste bien présente, première composante des espaces agricoles. Si elle n’a plus la majesté omniprésente des domaines voisins, elle occupe tout de même une grande partie des clairières, s’implantant sur les nombreuses pentes en en soulignant les reliefs par ses règes parallèles.
Si la vallée de l’Isle en contrebas, couloir important d’infrastructures et d’axes de communication, regroupe une population conséquente, les collines boisées restent quant à elles très peu habitées. Quelques villages sont implantés dans les clairières, positionnés sur les hauteurs pour la plupart, et en général plutôt à proximité des lisières.
Ainsi disposés, ceux-ci voient leurs silhouettes facilement dégradées par des constructions récentes, souvent construites au fil des routes et légèrement à l’écart du bourg. Le morcellement du paysage en clairières et la déprise agricole pourraient tendre à favoriser le mitage, pour l’instant limité. Les extensions urbaines sont donc à traiter avec soin dans ce territoire aux équilibres menacés.
Enjeux de protection / préservation
Les espaces ouverts des clairières : maintien et relance de la pratique de la pâture.
Les cultures et prairies sur le pourtour des clairières : maintien de la diversité de l’agriculture.
Le mitage des espaces ruraux : définition stricte des espaces constructibles ou non par les documents d’urbanisme, inscription dans leur site des constructions existantes par accompagnement végétal.
Le patrimoine bâti : inscription des bâtiments aux documents d’urbanisme, aménagement des espaces publics à proximité.
Enjeux de valorisation / création
Les espaces publics des villages : création de centralités et de lieux de vie sociale dans les bourgs, définition d’une charte, d’une palette végétale, maintien d’une image rurale des villages.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les extensions urbaines : constitution de connexions avec les centre-bourgs par l’espace public, inscription dans le site et dans la silhouette du village, mise en place de lisières agro-urbaines plantées.
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D2. Vallées de l’Isle et de la Dronne
À l’extrémité nord-est du département, l’Isle et la Dronne s’écoulent de chaque côté des collines de la Double avant de confluer en aval de Coutras. Leurs vallées, présentant des paysages et une organisation assez semblables, sont larges - les coteaux sont espacés d’environ 4 km - et très plates, mais marquées par des terrasses alluviales peu élevées, aux ruptures nettes. Formant les lisières des massifs forestiers du nord, les boisements des coteaux encadrent ces vallées et soulignent leurs limites. Sur le territoire girondin, l’Isle parcourt 15 km et la Dronne 13 avant leur confluence, définissant une unité de paysage assez réduite, bien distincte de la partie avale de la vallée de l’Isle, car moins pâturée et d’avantage boisée et bâtie. De nombreuses voies de communication se glissent dans ces corridors naturels (A89, voies ferrées, RD1089, RD674...) desservant les nombreuses communes implantées ici : les Peintures, Coutras, Saint-Médard-de-Guizières, Saint-Seurin-sur-l’Isle...
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Les communes concernées par l'unité de paysage D2
- ABZAC
- CAMPS-SUR-L’ISLE
- CHAMADELLE
- COUTRAS
- GOURS
- LAGORCE
- LE FIEU
- LES EGLISOTTES-ET-CHALAURES
- LES PEINTURES
- PETIT-PALAIS-ET-CORNEMPS
- PORCHERES
- PUYNORMAND
- SABLONS
- SAINT-ANTOINE-SUR-L’ISLE
- SAINT-MEDARD-DE-GUIZIERES
- SAINT-SAUVEUR-DE-PUYNORMAND
- SAINT-SEURIN-SUR-L’ISLE
Une morphologie soulignée par les boisements
Bien que peu élevés - entre 30 et 60 m environ - les coteaux forment clairement le cadre de ces vallées : couverts de boisements, ils présentent un horizon forestier continu qui délimite le paysage. Ils sont également dissymétriques : pour l’Isle comme pour la Dronne la rive droite présente un profil très abrupt, et la gauche une pente nettement plus douce. Là encore, c’est la couverture boisée qui permet d’unifier l’ensemble.
Si le fond de vallée, quant à lui, est dépourvu de forêts, il n’est pas dénué de présence arborée, loin s’en faut : ripisylves, haies, alignements, friches et peupleraies assurent une importante présence végétale, tant visuellement qu’en termes de structure paysagère. Depuis les hauteurs, ces vallées peuvent donc apparaître très boisées, du fait de cette succession de rideaux.
Un autre facteur vient enrichir le relief : deux terrasses se succèdent au pied des coteaux, séparées par une rupture plus ou moins marquée, le fond de vallée étant formé d’un sol alluvionnaire tandis que des boulbènes constituent les replats supérieurs. Si le socle des collines de la Double est délimité par une ’marche’ franche - notamment en rive droite de l’Isle - les pieds de coteaux du Landais et de la Double Saintongeaise sont prolongés par des terrasses moins lisibles. Dans tous les cas, les implantations urbaines d’origine soulignent souvent les bordures de ces paliers : quelques alignements de maisons installées en balcon marquent les limites bâties anciennes ; ailleurs, c’est l’enfrichement de ces talus difficilement exploitables qui signalera leur présence par les boisements. Les lits majeurs actuels des rivières sont aussi bornés par ces limites topographiques, les méandres de l’Isle se glissant au pied de ces berges abruptes.
Une urbanisation linéaire importante, guidée par les infrastructures
Ces deux vallées sont très marquées par les infrastructures de transport, qui ont induit un développement purement linéaire de l’urbanisation, entraînant aujourd’hui des situations prononcées de continuums urbains. La voie ferrée et la D674 en rive gauche de la Dronne, la voie ferrée, la D1089 et la A89 en rive gauche de l’Isle, complétées par la D10 sur sa rive droite : toutes ces installations parallèles organisent les vallées en fuseaux de communications, au long desquels se regroupent les implantations urbaines.
Si la carte de Cassini montre une occupation importante dès le XVIIIème siècle, les extensions récentes, sous forme d’urbanisation linéaire au long des voies, ont créé des couloirs bâtis coupés de leur contexte, depuis lesquels le paysage environnant est à peine perceptible.
De ce fait, de nombreux villages-rues, aujourd’hui traversés par des axes majeurs, n’offrent pour ainsi dire aucun espace public : le traitement de la voirie, purement routier, ne prend pas en compte la place du piéton. Les voies très larges ne permettent pas de réguler la vitesse du trafic, on ne trouve pas de trottoirs, mais seulement des accotements de graviers... Pour compenser ce manque, certaines municipalités ont tendance à multiplier les mobiliers urbains, créant des situations de sur-aménagement et des espaces complexes et confus.
Entre ces villages, le bâti s’étire en longues séries de bâtiments pavillonnaires, suite de maisons banales avec jardinet, en retrait de la route et accompagnées de haies opaques de thuyas.
Lorsque la route départementale est déviée au-delà du village, la rue principale peut échapper à un tel traitement, et conserver un caractère villageois si les aménagements sont judicieux - tout en pouvant bénéficier du patrimoine bâti formé par les façades anciennes.
Une prédominance des terres labourées, mais une présence valorisante de prairies pâturées
Si la majorité des terres agricoles est occupée par des cultures labourées (maïs notamment) organisées en vastes parcelles, les pâturages gardent une place importante dans ces paysages. On les rencontre surtout en fond de vallée, enclos au sein des larges méandres de la rivière, ou bien en pied de coteaux. Des alignements et haies les accompagnent, organisant presque des bocages, encore bien maintenus par les pratiques pastorales. Ripisylves et alignements au long des berges complètent la composition de ces paysages, ouverts par la pâture mais cloisonnés par ces structures végétales.
À proximité des espaces urbanisés, ces prairies sont trop souvent fragilisées par le bâti récent. Les logements pavillonnaires s’implantent sans prise en compte de ce contexte aux structures précises, dépassant ces écrans arborés, et malmènent les paysages ruraux. Les clôtures disgracieuses et haies de type thuyas ne permettent pas une intégration réussie : aucune transition n’adoucit la rencontre entre ces éléments.
Ailleurs, ce sont les peupleraies qui remplacent les prairies, ou bien l’enfrichement qui gagne sur les pâtures (notamment sur les coteaux).
Un patrimoine bâti et des structures urbaines en bords de rivières
L’importance passée des rivières en termes de communication et d’activité (transport, commerce, minoterie...) explique la présence de patrimoine bâti sur les berges de celles-ci. Moulins et hangars, ouvrages hydrauliques, ou encore façades bâties et quais apportent à Coutras et Saint-Seurin-sur-l’Isle une qualité architecturale qui fait leur qualité et leur originalité.
L’ancienne usine de Laubardemont, à la confluence, représente également un élément intéressant de patrimoine industriel, malheureusement peu valorisé car peu perceptible depuis la route.
Si les bordures de terrasses alluviales formaient autrefois une structure et une limite pour les implantations urbaines, les constructions plus récentes se sont affranchies de cette contrainte. On rencontre beaucoup d’extensions installées dans le lit majeur des rivières, malgré les éventuels risques d’inondation.
Les espaces importants offerts en contrebas des terrasses ont souvent été investis par des quartiers pavillonnaires ou des équipements, sans cohérence avec le territoire et sans prise en compte des risques existants, générant des effets d’arrière-cours : accumulations désordonnées de bâtiments, absence de soin des espaces extérieurs...
Enjeux de protection / préservation
Le patrimoine lié aux rivières (moulins, barrages, ponts, entrepôts...) : protection par inscription aux documents d’urbanisme, rénovation et réhabilitation, valorisation par la mise en place d’itinéraires de promenade.
Les prairies dans la vallée et en pied de coteaux : limitation du développement des peupleraies, classement des abords des prairies en zones non constructibles, relance de la pratique de la pâture, gestion des lisières forestières.
Les nombreux sentiers de randonnée : entretien des chemins, mise en réseau des itinéraires, publication de cartes et plaquettes informatives, maintien de la servitude de marchepied pour l’accessibilité des rivières.
Enjeux de valorisation / création
Les berges des rivières : valorisation des espaces de pâtures arborées, création de sentiers de promenade, inscription des équipements (bases nautiques) dans les paysages des berges.
Le patrimoine bâti industriel : rénovation et réhabilitation, transformation selon les besoins communaux (logements, équipements culturels...).
Enjeux de réhabilitation / requalification
L’urbanisation sans organisation sur les berges : réinscription des bâtiments dans une trame paysagère, création de liaisons douces avec les villages sur les terrasses.
Les voies urbaines très routières : réduction de l’emprise des voies pour ralentir la circulation, développement de l’espace dédié aux piétons et aux circulations douces, aménagement de l’espace public.
L’urbanisation linéaire au fil de la D1089 et de la D674 : instauration de limites nettes pour l’extension des villages et maintien de coupures d’urbanisation, ouverture de fenêtres paysagères sur la vallée.
L’urbanisation en nappes pavillonnaires (architectures banales, haies de thuyas...) : constitution d’espaces publics dans ces quartiers, mise en place de liaisons douces vers les bourgs les plus proches, inscription dans le site par la création de lisières agro-urbaines plantées aux limites d’urbanisation.
Le traitement des espaces publics des bourgs : réaménagement des centres anciens, créations de liaisons douces entre le bourg et les quartiers alentour, réduction de la place de la voiture au bénéfice des circulations douces, confortement des tissus bâtis des centres bourgs.
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D3. Les portes de la Double
S’immisçant tel un coin entre les vallées de l’Isle et de la Dronne, la grande forêt périgourdine de la Double s’achève en Gironde, à la confluence des deux rivières. Elle y forme un triangle d’environ douze kilomètres par dix, et occupe un plateau peu élevé - trente à quarante mètres au-dessus des vallées - modelé en reliefs doux et étirés par quatre vallons divergeant depuis la crête à l’est de Saint-Christophe-de-Double. Ce village est, avec le Fieu, un des deux bourgs situés dans cette unité, à proximité de la RD21.
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Les communes concernées par l'unité de paysage D3
- COUTRAS
- LE FIEU
- LES EGLISOTTES-ET-CHALAURES
- LES PEINTURES
- PORCHERES
- SAINT-ANTOINE-SUR-L’ISLE
- SAINT-CHRISTOPHE-DE-DOUBLE
Une structure forestière déterminante
La forêt, premier élément constitutif des paysages de cette unité, est principalement mixte, à l’exception de quelques secteurs présentant des peuplements formés quasi-exclusivement par des feuillus ou par des résineux. Les coteaux - aussi bien celui, abrupt, de la face sud que les pentes plus douces du nord-ouest - concentrent les boisements les plus denses, en opposition radicale avec les vallées, cultivées sur une majeure partie de leur surface. La limite est ainsi très nette entre la Double et les vallées de l’Isle et de la Dronne, se matérialisant même sous la forme d’une lisière rectiligne longeant la route au pied du coteau de la Dronne.
Sur les hauteurs, des clairières de taille réduite se succèdent sur le pourtour de l’unité, tandis que son cœur laisse place à de vastes trouées. Entre les zones boisées, organisées en réseau et plus ou moins connectées, des ouvertures de tailles très variées se révèlent ainsi : de la simple parcelle de cultures perdue en forêt jusqu’aux larges éclaircies de plusieurs kilomètres.
Au sein de ces dernières, l’arbre garde une place importante, organisant l’espace agricole et le paysage par des alignements et haies.
Une agriculture en perte de vitesse
À l’extrémité nord-est du département, la vigne n’a plus le premier rang des cultures : elle devient ici un élément parmi d’autres dans la composition du paysage des clairières. On trouve à ses côtés quelques prairies, occupant une surface globale un peu plus importante. Mais aujourd’hui, ce sont surtout les cultures labourées qui organisent ces terres, occupant la majeure partie des clairières et encadrant les villages.
Certaines de ces parcelles agricoles, notamment parmi les prairies, souffrent d’un manque de gestion, et voient aujourd’hui la forêt gagner sur l’espace ouvert. Un enfrichement conséquent, résultat probable d’un déclin de l’activité d’élevage, laisse ainsi l’espace se refermer, réduisant l’emprise de certaines clairières et remettant en cause l’équilibre de ces paysages entre forêts et espaces ouverts.
Une urbanisation dispersée et envahissante
Dans cette petite unité très peu habitée, les villages ne réunissaient à l’origine que quelques bâtisses, groupées sans trame urbaine autour de l’église, sur les crêtes dégagées. Même Saint-Christophe-de-Double, implanté au nord de la plus grande clairière, ne présentait pas de vrai masse bâtie, mais un simple regroupement de fermes.
En suivant cette organisation assez lâche, les extensions récentes se sont contentées de prolonger cette logique de juxtaposition au fil des routes, descendant au fur et à mesure dans les vallons depuis les quelques implantations existantes.
Petit à petit, ces constructions se multiplient dans les clairières : presque toutes sont occupées par au moins quelques maisons. Dans ces paysages ouverts, les constructions dispersées à l’architecture souvent banalisante prennent vite une grande importance visuelle, d’autant plus qu’elles s’accompagnent régulièrement de clôtures ou de haies mal adaptées au contexte local. Les bois, quant à eux, restent inoccupés : presque aucune construction n’est implantée dans les parcelles forestières et seules les lisières accueillent quelques bâtiments.
Enjeux de protection / préservation
L’agriculture diversifiée en déclin : relance des pratiques agricoles et maintien de leur variété (céréales, viticulture, pâtures), gestion des lisières et maintien des clairières ouvertes par l’activité agricole, en particulier dans les secteurs clefs : pourtour des villages, abords des lisières forestières, coteaux...
Enjeux de valorisation / création
L’espace public des villages : aménagement de lieux de vie sociale autour des centres anciens, créations de liaisons douces entre le bourg et les quartiers alentour.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les extensions urbaines récentes : inscription des bâtiments dans le paysage par la constitution de lisières agro-urbaines, mise en place de chartes sur les clôtures et les haies.
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D4. Les marges de la Double Saintongeaise
Depuis le département voisin de Charente-Maritime, où elle est largement présente, la forêt de la Double Saintongeaise vient occuper les reliefs très adoucis de la bordure nord du département de la Gironde. S’éclaircissant au fur et à mesure en clairières de plus en plus vastes pour finalement laisser la place aux vignes du Blayais et du Cubzadais, cette transition boisée forme des paysages variés, composés par les lisières, les collines et une agriculture diversifiée. Sur une quarantaine de kilomètres d’est en ouest, l’épaisseur de cet entre-deux varie, d’à peine deux kilomètres au niveau de Saint-Savin jusqu’à une quinzaine un peu plus à l’ouest. Traversée par les deux axes majeurs de la RN10 et de la A10, cette unité ne se parcourt qu’en suivant un réseau plus complexe : RD132, RD115, RD22 et RD247 permettent de desservir Reignac, Saint-Savin, Laruscade et Guitres.
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Les communes concernées par l'unité de paysage D4
- BAYAS
- CAMPUGNAN
- CARTELEGUE
- CAVIGNAC
- CEZAC
- CHAMADELLE
- COUTRAS
- DONNEZAC
- ETAULIERS
- GENERAC
- GUITRES
- LAGORCE
- LAPOUYADE
- LARUSCADE
- LES PEINTURES
- MARANSIN
- MARCENAIS
- MARSAS
- REIGNAC
- SABLONS
- SAINT-AUBIN-DE-BLAYE
- SAINT-CHRISTOLY-DE-BLAYE
- SAINT-GIRONS-D’AIGUEVIVES
- SAINT-MARIENS
- SAINT-SAVIN
- SAINT-YZAN-DE-SOUDIAC
- SAUGON
- TIZAC-DE-LAPOUYADE
- VAL-DE-LIVENNE
Des paysages structurés par une forêt récente, issue des friches
Si la forêt est clairement la composante principale de ces marges, occupant une surface bien supérieure aux terres agricoles, elle ne présente pas pour autant une nappe homogène sur ce territoire. D’une part, elle s’ouvre en nombreuses clairières, parfois très vastes, qui présentent des paysages agricoles dégagés ; d’autre part, elle est en grande partie composée de friches boisées, dont les divers stades d’évolutions constituent des parcelles d’âges variables, de la friche armée à la forêt bien constituée. Les lisières méridionales du massif, quant à elles, sont composées de peuplements plus affirmés, boisements mixtes marquant de façon assez nette les limites de cette unité, tandis que certains vallons accueillent des bosquets plus spécifiques, conifères à l’ouest et feuillus à l’est.
Au sein de ces boisements se dessinent les clairières qui forment la partie habitée de ces paysages. D’une simple parcelle labourée encerclée d’arbres aux dégagements plus vastes qu’occupent les villages, ces ouvertures dessinent des paysages composés, cernées par des lisières mouvantes : c’est aux marges de la forêt que l’enfrichement tend à se développer, l’ourlet boisé formant une bordure progressive en constante évolution. La dynamique actuelle tend donc vers une augmentation de la surface boisée, due au recul des terres cultivées ou pâturées.
Une agriculture variée qui compose les clairières
L’agriculture, si elle occupe une surface largement inférieure à la forêt, présente ici une importante variété, plus que dans la majeure partie du département : vignes, terres pâturées, vergers et parcelles labourées se partagent assez équitablement l’espace réduit disponible, composant des paysages multiples en fonction de la surface des clairières.
La viticulture offre également des visages différents : moins contraints que dans d’autres pays de vignoble, les modes de taille ne sont pas homogènes d’une parcelle à l’autre, enrichissant la palette des cultures.
Les larges pâtures encadrées de lisières touffues dessinent des paysages agréables, mais menacés par la déprise : très souvent, leurs franges présentent un début d’enfrichement. Le phénomène de l’accrue forestière se poursuit faute d’intervention humaine sur ces terrains peu à peu abandonnés.
La clairière de Reignac, quant à elle, forme un paysage particulier au sein des boisements de la Double Saintongeaise. Organisée, comme dans le reste de l’unité, en oasis cultivée accompagnée de son village et cernée par la forêt, elle se démarque par la spécificité de l’agriculture : ici, la vigne est largement majoritaire. Les successions de règes innombrables s’étendent, surlignées par l’horizon plus sombre des lisières, au point de rappeler les paysages de la clairière de Listrac (C5).
Une urbanisation encore réduite, mais en développement
Comme évoqué plus haut, l’occupation bâtie est très nettement circonscrite aux clairières, la forêt elle-même n’accueillant que quelques rares fermes et hameaux. Etant donné la surface importante occupée par les boisements, le maillage urbain présente donc une structure très peu dense, et la population apparait bien moins nombreuse que dans les unités voisines. Les villages, implantés le plus souvent auprès d’un carrefour, mais aussi au long des routes, se situent en général sur les hauteurs ; autour de petits centres anciens bien groupés, marqués par l’utilisation importante d’un calcaire jaune pâle, les évolutions plus récentes de l’urbanisation sont peu maîtrisées en termes d’urbanisme et d’architecture.
Les silhouettes des villages pâtissent souvent de ces extensions, constructions alignées en bord de route sans lien avec leurs bourgs, maisons isolées ou petites zones d’activités : dans les paysages ouverts des clairières, ces implantations dispersées banalisent les paysages. Au sein des clairières les plus réduites, certains villages s’étendent désormais de lisière à lisière, l’ensemble de l’espace ouvert ayant été investi par les constructions.
Enjeux de protection / préservation
Le développement des friches : maintien des pâtures et des cultures dans les clairières pour éviter la progression des friches, valorisation des paysages agricoles.
Le développement urbain : établissement de limites franches à l’extension urbaine, maîtrise du mitage, mise en place de documents d’urbanisme stricts.
Enjeux de valorisation / création
Le patrimoine boisé issu des friches : gestion des jeunes boisements naturels afin de valoriser ce patrimoine (forêt de production et/ou de loisirs), restructuration foncière pour favoriser la gestion, diversification des essences.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les extensions urbaines récentes : inscription des bâtiments dans le paysage par la constitution de lisières agro-urbaines plantées, mise en place de chartes sur les clôtures et les haies.
L’espace public des villages : aménagement de lieux de vie sociale dans les centres anciens, créations de liaisons douces entre le bourg et les quartiers alentour.
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D5. Les prémices des coteaux charentais
Après la coupure des collines de Blaye par la vallée de la Nivelle, des reliefs commencent à réapparaître au nord, délimitant les marais de Braud-et-Saint-Louis et annonçant les coteaux viticoles plus marqués de la partie charentaise de l’estuaire. Sur ces hauteurs naissantes, la vigne est largement dominante, couvrant une grande majorité de cette unité ; mais boisements et cultures restent des composantes de ces paysages, bien que souvent confinés dans quelques vallons ou encadrés par le vignoble. Entre forêts et marais, ces collines composent de doux vallonnements et s’étirent sur un triangle d’une douzaine de kilomètres de côté, jusqu’aux limites nord du département. Les bourgs principaux se trouvent sur les limites entre collines et marais (Saint-Ciers-sur-Gironde, Braud-et-Saint-Louis, Saint-Aubin-de-Blaye) desservis par les RD 137, 18 et 255 ; l’autoroute A10 traverse également ces paysages à son entrée dans le département.
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Les communes concernées par l'unité de paysage D5
- BRAUD-ET-SAINT-LOUIS
- ETAULIERS
- PLEINE-SELVE
- REIGNAC
- SAINT-AUBIN-DE-BLAYE
- SAINT-CIERS-SUR-GIRONDE
- SAINT-PALAIS
- VAL-DE-LIVENNE
Le seul paysage clairement viticole des franges du nord
Sur ces terroirs de qualité, qui tirent profit de leur situation sur les coteaux estuariens, la vigne occupe le premier rang des paysages : les terres de l’AOC Premières Côtes de Blaye s’étendent en effet jusqu’ici, et cette qualité, synonyme de valeur économique, se traduit par une domination très nette de la viticulture sur les autres modes d’occupation du sol. Les règes s’alignent à perte de vue, sur les reliefs très adoucis de ces collines qui se fondent graduellement vers les marais.
Mais aucune monotonie ne se dégage de ces paysages grâce à la présence de vallons boisés et d’autres cultures. Plus subtilement, le traitement des vignes elles-mêmes participe aux variations paysagères : ici, la taille et le mode d’exploitation peuvent varier du tout au tout entre deux parcelles - vignes hautes ou basses, enherbées ou non, écart entre les règes... - apportant une richesse supplémentaire à ces paysages.
Traversée du nord au sud par l’autoroute A10, cette unité forme une des portes d’entrée dans le département, et son caractère viticole évident s’inscrit tout à fait dans ce rôle, soulignant immédiatement une des composantes majeures des paysages départementaux. La qualité de la ’vitrine’ ainsi offerte est un enjeu.Cette dominante viticole évolue en remontant plus au nord : tandis que ici la viticulture apparaît dès la limite du marais pour s’étendre jusqu’à une douzaine de kilomètres vers l’est, les terres charentaises, au-delà du territoire girondin, voient les vignes se concentrer principalement sur les coteaux.
D’autres composantes plus discrètes, qui enrichissent la composition d’ensemble
Contrairement à la situation de certains terroirs, la vigne n’est pas ici le seul élément de composition des paysages : d’autres cultures, ainsi que quelques boisements, participent d’un ensemble plus complexe. En effet, si les terres labourées restent minoritaires, elles apportent une variété qui, associée aux vastes vignes, fait la particularité de cette unité. En plus des habituelles parcelles de céréaliculture, on trouve ici du maraîchage, voire de l’horticulture, en plein champ ou sous serre.
En revanche, les prairies sont quasiment absentes, et l’on n’en trouve quelques unes uniquement dans certains vallons, pâturées ou fauchées.
Les boisements quant à eux, s’ils ne sont en général pas assez présents pour former de vrais effets de clairières comme dans les marges de la Double Saintongeaise (D4), constituent des bosquets et lisières qui accompagnent les collines viticoles. Il peut alors s’agir d’horizons continus - formés par les forêts plus denses de la Saintonge au nord ou par les boisements accompagnant les vallons (ruisseau de Bondou, Livenne) - ou bien de suites d’îlots boisés, ponctuant les cultures et encadrant les hameaux.
Une urbanisation qui divise les paysages
L’urbanisation reste peu importante sur ce territoire ; limitée à l’ouest et au sud par les terres inondables des marais, elle reste relativement contenue dans les collines par les terres viticoles, dont la valeur assure encore la protection. Saint-Ciers-sur-Gironde, à la limite entre les collines saintongeaises et les marais estuariens, en est le pôle principal, autour duquel s’organisent les différents villages.
À partir d’un centre ancien compact, formé de façades alignées sur rue aux abords d’un carrefour, le bourg de Saint-Ciers-sur-Gironde s’est aujourd’hui développé en cumulant lotissements en cul-de-sac et urbanisation au fil des voies, sans que l’espace public ne permette de relier ces quartiers : le caractère routier des aménagements n’offre pas d’espace pour la vie sociale (devant le parvis de l’église, la place centrale se résume à un large rond-point flanqué de parkings).
La pression de l’urbanisation se fait aussi particulièrement sentir au fil de la D255 et de la D136. Si l’accumulation de pavillons individuels juxtaposés les uns à la suite des autres au bord de ces routes ne forme pas encore de véritable continuum bâti, elle ne laisse néanmoins subsister que très peu de réelles coupures d’urbanisation. Ces voies parcourant la limite entre marais et collines viticoles forment pourtant des itinéraires majeurs de découverte et de compréhension de ces paysages, et devraient rester ouvertes vers ces deux univers.
Enjeux de protection / préservation
L’agriculture, hors viticulture : maintien de la variété des cultures.
L’hétérogénéité des modes de culture de la vigne : classification des différentes formes viticoles, mise en place de ’routes des vignes’ amenant à découvrir cette diversité.
Enjeux de valorisation / création
Le statut de ’porte d’entrée’ dans le département : traitement des abords de l’autoroute, valorisation du caractère viticole des collines.
Les routes D255 et D136 : création d’ouvertures paysagères vers les marais comme vers les collines, aménagement d’espaces et d’itinéraires de découverte de ces paysages.
Enjeux de réhabilitation / requalification
Les paysages non urbanisés autour des villages : contrôle du mitage par les constructions isolées, mise en place de documents d’urbanisme restrictifs.
Les espaces publics des villages : réaménagement de lieux de vie sociale dans les centres anciens, créations de liaisons douces entre le bourg et les quartiers alentour, valorisation du patrimoine bâti, réduction de la place de la voiture au bénéfice des modes doux, confortement des tissus bâtis des centres bourgs.